Comptes rendus

Données à l’appui du traitement de la sclérose en plaques avant qu’elle ne devienne cliniquement manifeste
Objectif rémission dans la polyarthrite rhumatoïde

Amélioration de la réponse au traitement et de la tolérabilité dans le cancer du sein métastatique

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

La 43e Assemblée annuelle de l’American Society of Clinical Oncology

Chicago, Illinois / 1er-5 juin 2007

Il ressort de la mise à jour des résultats d’un essai à quatre groupes – lors duquel une préparation de paclitaxel nanoparticulaire lié à l’albumine (nab-paclitaxel) était administrée une fois par semaine, à forte ou à faible dose, ou aux trois semaines – que la préparation nab est plus efficace et mieux tolérée que le docetaxel administré aux trois semaines.

Le Dr William Gradishar, professeur titulaire de médecine, Northwestern University Feinberg School of Medicine, Chicago, Illinois, et ses collaborateurs ont comparé l’activité antitumorale et le profil de toxicité de quatre schémas. En tout, 300 patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique ont reçu aléatoirement, en première intention, soit du nab-paclitaxel à 300 mg/m² aux trois semaines (groupe A), à 100 mg/m² une fois par semaine trois semaines sur quatre (groupe B) ou à 150 mg/m² une fois par semaine trois semaines sur quatre (groupe C), soit du docetaxel à 100 mg/m² aux trois semaines (groupe D). Les patientes des groupes A, B et C n’ont reçu aucun médicament préalable, alors que celles du groupe D recevaient d’abord des corticostéroïdes standard.

Selon la troisième de quatre analyses partielles prévues au protocole, dont les résultats ont été présentés au congrès de San Antonio en décembre 2006, tous les schémas de nab-paclitaxel (une fois par semaine et aux trois semaines) se sont révélés plus efficaces que le schéma de docetaxel aux trois semaines. En particulier, les deux schémas hebdomadaires de préparation nab ont donné lieu à des taux de réponse significativement plus élevés et à une survie sans progression (SSP) significativement plus longue.

Données radiologiques

La quatrième analyse partielle – qui a été présentée au congrès de l’ASCO de cette année – revêt une grande importance, à la fois parce qu’elle confirme les résultats antérieurs et parce qu’elle inclut les résultats d’un examen indépendant par des radiologistes qui ignoraient le traitement attribué et l’évaluation des lésions. Selon cet examen indépendant, le taux de réponse globale est légèrement plus faible dans les quatre groupes de traitement - «ce qui n’est pas étonnant, note le Dr Gradishar, car c’est toujours ce qui se produit à la suite d’un examen radiologique indépendant, peu importe l’étude». Les investigateurs de l’étude avaient évalué les taux de réponse à 43 %, à 62 % et à 70 % dans les groupes paclitaxel à 300 mg/m² aux trois semaines, à 100 mg/m² une fois par semaine et à 150 mg/m² une fois par semaine, respectivement, vs 38 % dans le groupe docetaxel à 100 mg/m² aux trois semaines. Selon les examinateurs indépendants, les taux de réponse étaient légèrement plus bas : 35 %, 45 %, 47 % et 28 %, respectivement. Néanmoins, «le bénéfice global demeure le même», souligne le Dr Gradishar, les schémas hebdomadaires de nab-paclitaxel étant plus efficaces que le schéma de docetaxel aux trois semaines (Figure 1).

Figure 1. Évaluation de la réponse selon les investigateurs et les examinateurs indépendants


L’examen indépendant par des radiologistes a aussi confirmé que la SSP était significativement plus longue dans les groupes préparation nab à 300 mg/m² aux trois semaines et à 150 mg/m² une fois par semaine que dans le groupe docetaxel à 100 mg/m² aux trois semaines. Par ailleurs, la SSP était plus longue dans le groupe nab-paclitaxel à 150 mg/m² une fois par semaine que dans le groupe à 100 mg/m² une fois par semaine. Toutes les doses de la préparation nab ont été mieux tolérées, les incidences de la neutropénie de classe 4, de la neutropénie fébrile et de la fatigue étant significativement moins élevées que dans le groupe docetaxel. L’incidence des neuropathies périphériques était semblable dans tous les groupes de traitement, quoique considérablement plus faible dans le groupe préparation nab à faible dose une fois par semaine. Les neuropathies périphériques se sont résorbées beaucoup plus rapidement chez les patientes qui recevaient la préparation nab (délai médian de 16 à 23 jours) que chez celles qui recevaient du docetaxel (délai médian de 41 jours).

Le Dr Stephen Chia, médecin oncologue, BC Cancer Agency, Vancouver, estime que ces résultats sont «encourageants» et qu’ils justifient la tenue d’un essai de phase III plus vaste dans lequel le schéma hebdomadaire de nab-paclitaxel à forte dose sera comparé avec le schéma de docetaxel aux trois semaines. Cela dit, prévient-il, cet essai de phase II – qui comportait grosso modo 75 patientes par groupe – était relativement petit, de sorte que ses résultats doivent être confirmés par un essai de phase III.

Le Dr Chia a cité un vaste essai de phase III ayant montré que la préparation nab était plus efficace que le paclitaxel standard chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique et qu’elle était dotée d’un profil d’innocuité plus favorable (Gradishar et al. J Clin Oncol 2005;23[31]:7794-803). Les femmes recevaient du nab-paclitaxel à raison de 260 mg/m² ou du paclitaxel standard à raison de 175 mg/m² aux trois semaines. Sur la foi de ces résultats, le Dr Chia croit qu’il serait justifié d’utiliser la préparation nab selon ce calendrier posologique.

Confirmation des résultats au sein d’une cohorte chinoise

Les résultats d’un autre essai comparatif dans lequel on comparait la préparation nab et la préparation avec solvant chez 212 Chinoises atteintes d’un cancer du sein métastatique ont été présentés par l’investigateur principal, le Dr Zhongzhen Guan, Centre d’oncologie de l’université Sun Yat-Sen, Guangzhou, Chine. Plus précisément, les chercheurs ont comparé, sur les plans de l’efficacité et de la toxicité, la préparation nab à 260 mg/m² perfusée en 30 minutes aux trois semaines et la préparation avec solvant à 175 mg/m² perfusée en trois heures. Le nab-paclitaxel n’exige aucune prémédication vu l’absence de risque de réaction d’hypersensibilité, mais les patientes du groupe préparation avec solvant ont dû recevoir au préalable de la dexaméthasone et des antihistaminiques.

Environ 40 % des patientes des deux groupes avaient déjà reçu une chimiothérapie pour leur cancer métastatique. En moyenne, on a administré 5,6 et 5,2 cycles de nab-paclitaxel et de paclitaxel avec solvant, respectivement. Sur le plan du taux de réponse globale (réponses complètes et partielles), la différence entre les groupes était hautement significative : 54 % dans le groupe préparation nab vs 29 % dans le groupe préparation avec solvant (p<0,001). Le délai de progression médian et la médiane de SSP étaient de 7,6 mois dans le groupe préparation nab vs 6,2 mois dans le groupe préparation avec solvant.

L’alopécie et les neuropathies périphériques – les signes de toxicité les plus courants – sont survenues chez un nombre semblable de femmes dans les deux groupes, même si les sujets du groupe préparation nab avaient reçu une dose 49 % plus forte que les sujets du groupe préparation avec solvant. Statistiquement parlant, les effets indésirables liés à la neutropénie étaient comparables dans les deux groupes. Cependant, si l’incidence de la neutropénie, toutes classes confondues, était plus élevée dans le groupe préparation nab (93 %) que dans le groupe préparation avec solvant (77 %), l’incidence de la neutropénie de classe 3 et 4 était semblable dans les deux groupes. Les réactions allergiques cutanées sont le seul effet toxique non hématologique qui était significativement plus fréquent dans le groupe nab-paclitaxel; cela dit, toutes les réactions cutanées associées à la préparation nab étaient de classe 1 ou 2, et la plupart se sont résorbées sans traitement ni réduction de la dose.

Questions et réponses

Les questions et réponses qui suivent sont tirées d’un entretien avec le Dr William Gradishar, professeur titulaire de médecine, Northwestern University Feinberg School of Medicine, Chicago, Illinois. Q : Comment le nab-paclitaxel peut-il être plus efficace?

R : La principale différence est la base. On n’ajoute pas de solvant au nab-paclitaxel [comme on le fait avec les autres taxanes] pour accroître sa biodisponibilité. Le solvant est responsable de nombreux effets indésirables associés aux taxanes, dont la myélosuppression et les neuropathies, et il diminue la quantité de taxane atteignant la tumeur. Le nab-paclitaxel permet d’administrer du paclitaxel sans solvant et tire avantage de l’albumine utilisée comme base qui facilite la pénétration du médicament dans la tumeur. Le taxane se rend donc à bon port.

Q : À votre avis, quel sera le rôle du nab-paclitaxel dans le cancer du sein métastatique?

R : On comparera le nab-paclitaxel à 150 mg/m² une fois par semaine avec le docetaxel dans un vaste essai de phase III randomisé, mais dans l’attente des résultats de cet essai, les cliniciens devront individualiser la dose sur la foi des données qu’ils ont en main. Si une patiente se porte bien et est généralement en bonne santé, le clinicien peut opter pour le schéma hebdomadaire fortement dosé, mais on sait également que le nab-paclitaxel faiblement dosé administré une fois par semaine est aussi efficace que le docetaxel, mais mieux toléré. Si vous craignez qu’une patiente ne puisse pas tolérer le schéma à forte dose, vous pouvez opter pour la dose plus faible, sachant qu’elle est efficace et très bien tolérée.

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