Comptes rendus

St. Mary’s General Hospital
Le point sur le vaccin anti-VPH 9-valent : la prévention monte d’un cran

L’abc de la prévention de l’infection invasive à méningocoque dans une pratique en pédiatrie

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 13e Conférence annuelle Primary Care Today

Toronto, Ontario / 6-9 mai 2015

Toronto - L’infection invasive à méningocoque (IIM), maladie rare mais catastrophique, est associée à des taux élevés de morbimortalité. Aujourd’hui, le méningocoque – Neisseria meningitidis – de sérogroupe B est à l’origine de la majorité – et de loin – des IIM au Canada, et elle touche un nombre disproportionné de nourrissons de moins de 12 mois ainsi que d’adolescents et de jeunes adultes de 15 à 24 ans. Le 4CMenB, vaccin novateur à 4 composantes, ayant fait la preuve de son efficacité chez les nourrissons, les enfants et les adolescents dans le cadre d’essais cliniques à grande échelle, il peut être administré en toute innocuité en même temps que d’autres vaccins usuels de la petite enfance. Les parents étant généralement soucieux de protéger leur enfant, les professionnels de la santé sont en bonne position pour leur conseiller de prévenir une maladie dévastatrice, surtout si leur enfant fait partie des groupes les plus vulnérables.

Rédactrice médicale en chef : Dre Léna Coïc, Montréal, Québec

Maintenant que le marché compte un vaccin contre le méningocoque de sérogroupe B, les professionnels de la santé de première ligne se demandent probablement s’ils ne devraient pas le recommander pour les nourrissons et les adolescents en particulier et peut-être même pour tous les enfants entre ces deux groupes d’âge.

Deux pédiatres parmi les plus réputés au pays les ont grandement éclairés lors du symposium qui a précédé le lancement de la conférence «pri-med», auparavant intitulée Primary Care Today.

D’abord, il faut voir ce vaccin comme une assurance. Dans ses recommandations actuelles, le Comité consultatif national sur l’immunisation (CCNI) précise que le nouveau vaccin 4CMenB (BexseroMD) doit être envisagé chez certains patients à risque élevé, mais qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour le recommander à grande échelle dans le cadre d’un programme de santé publique.

«Dans les salles d’urgence et les unités de soins intensifs, ce sont des enfants en bonne santé que nous voyons», affirme le Dr John Yaremko, professeur adjoint de pédiatrie, Université McGill, Montréal. «Ce sera par exemple un adolescent en parfaite santé qui, 12 à 24 heures après avoir disputé un match de hockey à l’aréna, se retrouve à l’USI ou est à l’article de la mort. Nous voyons aussi des nourrissons en bonne santé chez qui la maladie laisse de graves séquelles neurologiques. J’estime personnellement que la prévention est assurément la voie à privilégier. »

De plus, le risque de développer une IIM liée au sérogroupe B est très élevé chez le nourrisson ou le tout-petit, surtout avant l’âge de 12 mois, et chez l’adolescent de 14 à 20 ans. À l’heure actuelle, au Canada, le méningocoque de sérogroupe B est le méningocoque qui cause le plus d’IIM dans tous les groupes d’âge, note le Dr Saul Greenberg, professeur agrégé de pédiatrie, University of Toronto. 

«Chez les jeunes nourrissons, le méningocoque de sérogroupe B est responsable de plus de 80 % des IIM, ajoute-t-il. Chez les 1 à 4 ans, il est à l’origine d’environ 66 % des cas d’IIM  et, chez les 15 à 24 ans, le pourcentage est à peine plus faible. Bref, l’infection par le méningocoque de sérogroupe B entraîne plus d’IIM que les méningocoques de tous les autres sérogroupes réunis», poursuit le Dr Greenberg. Selon la province, le vaccin contre le méningocoque de sérogroupe B pourrait couvrir au bas mot environ les deux tiers des souches du méningocoque B qui circulent en milieu communautaire. (Au Québec, le vaccin 4CMenB offre une protection de près de 100 %, la prévalence du méningocoque de sérogroupe B étant extrêmement élevée dans cette province. La prévalence du méningocoque de sérogroupe B est aussi très élevée au Manitoba.)

Innocuité et efficacité du vaccin

Le vaccin s’est révélé sûr et efficace lors de vastes essais cliniques menés chez des nourrissons, des tout-petits et des adolescents. (Le vaccin 4CMenB s’est aussi révélé efficace chez des adultes, mais il n’est pas homologué pour utilisation chez l’adulte au Canada.) Les nourrissons qui reçoivent la primovaccination à 2, 4 et 6 mois, ou selon un autre schéma, développent une forte réponse anticorps aux 4 antigènes vaccinaux et, pour autant qu’ils reçoivent une dose de rappel entre 12 et 23 mois, ils peuvent recouvrer une réponse anticorps protectrice si l’immunité contre les antigènes vaccinaux s’est estompée avec le temps. 

De même, les tout-petits âgés de 1 à 4 ans qui ont reçu le vaccin 4CMenB lors d’essais cliniques ont développé une réponse anticorps de 95 à 100 % après la primovaccination. Les adolescents ont aussi développé une réponse anticorps qui avoisinait 100 % contre les 4 antigènes vaccinaux, et ils ont eu besoin de seulement deux doses du vaccin, données à environ 1 mois d’intervalle, pour maintenir un niveau élevé de protection pendant au moins 18 mois après la deuxième dose. La nécessité d’une dose de rappel chez les enfants de 12 à 23 mois, les enfants de 2 à 10 ans et les adolescents de 11 à 17 ans n’a pas été établie.

Le vaccin 4CMenB peut être administré en concomitance avec d’autres vaccins usuels de la petite enfance, et rien n’indique que l’administration concomitante de plusieurs vaccins nuise à l’immunogénicité de l’un des vaccins. «La fièvre est un effet indésirable fréquent du vaccin 4CMenB chez les nourrissons, et on observe effectivement plus de cas de fièvre lorsque le vaccin 4CMenB est administré en même temps que d’autres vaccins usuels de la petite enfance», explique le Dr Yaremko.

Par contre, le risque de fièvre peut être atténué de manière significative si l’on donne de l’acétaminophène à titre prophylactique au moment où le vaccin est administré, puis pendant 24 heures, ajoute-t-il. La fièvre est moins fréquente chez les adolescents, fait remarquer le Dr Greenberg. Dans les essais cliniques où le vaccin était donné à des adolescents, ce sont plutôt des effets indésirables locaux comme la sensibilité au toucher et l’œdème qui étaient assez fréquents, précise-t-il.

Les Drs Yaremko et Greenberg, deux pédiatres fort occupés, n’ont encore jamais vu d’augmentation du nombre d’appels téléphoniques ou de visites de parents inquiets après la vaccination. «Si vous préparez la famille à l’éventualité d’une poussée de fièvre et précisez que la fièvre en tant que telle n’est pas dangereuse, les parents sont plus tolérants et, du fait qu’ils ont été prévenus, ils ne consultent pas le médecin», souligne le Dr Yaremko.

Protection démontrée

Contrairement à d’autres maladies évitables par la vaccination beaucoup plus répandues, les IIM découlant de n’importe lequel des sérogroupes sont rares. Les chercheurs n’étaient donc pas été capables d’affirmer avec certitude que le vaccin protégeait contre l’infection clinique, car jusqu’à tout récemment, nous avions seulement en main des corrélats de protection.

Cela dit, nous avons maintenant des données concrètes du  Québec et de plusieurs endroits aux États-Unis montrant que le vaccin 4CMenB protège effectivement la population contre l’IIM de sérogroupe B dans les situations à risque élevé. Avant que le vaccin soit commercialisé, l’incidence des IIM de sérogroupe B était 10 fois plus élevée dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean que dans n’importe quelle autre région de la province. Depuis que le gouvernement du Québec paie le vaccin 4CMenB pour toute personne âgée de 2 mois à 20 ans dans cette région, «il n’y a pas eu un seul cas d’IIM», enchaîne le Dr Yaremko.

De plus, parmi les plus de 45 000 vaccinés du Saguenay-Lac-Saint-Jean – incluant des milliers de nourrissons –, aucun effet indésirable grave n’a été observé; or, jamais autant de personnes n’avaient reçu le vaccin 4CMenB, ajoute-t-il. On a observé le même effet protecteur du vaccin 4CMenB chez des étudiants de l’université de Princeton à la suite d’une série d’IIM de sérogroupe B en 2013 et en 2014 : aucun autre cas n’a été rapporté parmi les étudiants de l’université de Princeton après que les sujets à risque aient reçu la série de deux doses recommandée chez les adolescents.

Au chapitre de l’acceptation par les parents de tout nouveau vaccin et de son coût, signalons qu’aucune province ne finance le vaccin 4CMenB pour les individus en santé (à moins qu’ils soient à risque élevé). Les parents doivent donc décider s’ils souhaitent protéger leur enfant contre une maladie rare. «Nous devons prendre l’initiative d’offrir des vaccins à nos patients et laisser les parents déterminer comment ils veulent protéger leur enfant et ce qu’ils ont les moyens de payer», estime le Dr Yaremko.

«Pensez aux autres choses que nous faisons pour protéger nos enfants : casques protecteurs, sièges d’auto, etc.  Ces mesures de protection ont un coût, mais c’est pour le bien de l’enfant. Il en va de même pour l’infection contre le méningocoque de sérogroupe B».

«La maladie n’est pas courante, et il est à souhaiter que vous n’ayez jamais cette infection, mais si vous avez la malchance de la contracter et que vous avez été vacciné, votre risque d’être malade sera moindre.»

Le Dr Greenberg abonde dans le même sens : il faut être proactif. «La mortalité associée à la maladie se situe entre 5 et 15 %, et les séquelles sont à la fois graves et horribles. Si le vaccin permet de sauver un enfant, on se fout pas mal du rapport coût-efficacité du vaccin. Pourquoi ne pas le donner s’il peut sauver la vie d’un enfant?»

Fait digne de mention : le Royaume-Uni a annoncé que le vaccin 4CMenB ferait dorénavant partie de la série de vaccins de l’enfance qu’il remboursera, et ce sera le seul vaccin contre l’IIM remboursé par l’État.  

 

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