Comptes rendus

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Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 17e Réunion internationale de la European Society of Gynecological Oncology

Milan, Italie / 11-14 septembre 2011

Rédactrice médicale en chef : Dre Léna Coïc, Montréal, Québec

En général, la sensibilité aux platines est définie par un intervalle sans platine (ISP) >12 mois. Lorsque l’ISP n’est que de 6 à 12 mois, ce qui est souvent le cas, on parle de sensibilité partielle aux platines. La démarche thérapeutique optimale dans la prise en charge d’une récidive du cancer de l’ovaire partiellement sensible aux platines reste à déterminer. Ainsi, toute stratégie visant à prolonger l’ISP est une option intéressante pour le sous-groupe de patientes porteuses d’une tumeur partiellement sensible aux platines.

«Certains avancent qu’une stratégie de prolongation de l’ISP reposant sur l’insertion d’un traitement sans platine augmente la probabilité de réponse à un traitement subséquent à base de platine», expliquent la Dre Nicoletta Colombo, Istituto Europeo di Oncologia, Milan, et ses collègues.

Lors de l’essai de phase III multinational OVA-301, la trabectédine, antinéoplasique synthétisé à partir d’un organisme marin de la famille des tuniciers, l’Ecteinascidia turbinata, a été associée à la doxorubicine liposomale pégylée (DLP). L’association a prolongé significativement la survie de patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire récidivant sensible aux platines, comparativement à la DLP + placebo (Monk et al. J Clin Oncol 2010;28:3107-14). Deux analyses de l’essai OVA-301 présentées au congrès sont venues étayer le gain de survie ayant résulté de l’association trabectédine + DLP dans le traitement d’un cancer de l’ovaire récidivant sensible ou partiellement sensible aux platines.

Dans le cancer de l’ovaire récidivant, les résultats de l’essai OVA-301 ont montré une corrélation entre la durée de l’ISP et la survie globale (SG), laquelle est aussi influencée par le traitement subséquent, précise la Dre Colombo. «Ainsi, un ISP plus long est un important prédicteur de meilleure réponse aux traitements ultérieurs et de prolongation de la SG, dit-elle. Le recours à l’association DLP + trabectédine, sans platine ni taxane, pour prolonger l’ISP pourrait aussi exercer une influence positive sur la tolérabilité du traitement et ouvrir la porte à des chimiothérapies ultérieures à base de platine dans le cancer de l’ovaire récidivant.»

Prolongation de l’intervalle sans platine

Afin d’évaluer la stratégie de prolongation de l’ISP chez les sujets de l’essai OVA-301, la Dre Colombo et ses collègues ont effectué une analyse post hoc de la SG dans le sous-groupe de patientes dont le cancer de l’ovaire récidivant était partiellement sensible aux platines. Au total, 672 patientes avaient été randomisées de façon à recevoir l’association DLP + trabectédine ou la DLP seule. Chez 214 de ces patientes, l’ISP était de 6 à 12 mois, et 94 d’entre elles ont ensuite reçu en troisième intention, une fois l’étude terminée, un schéma systémique comportant un platine.

L’analyse globale de l’étude a révélé que l’ajout de la trabectédine à la DLP avait prolongé la médiane de survie sans progression de manière statistiquement significative : 7,3 mois vs 5,8 mois sous DLP seule (HR 0,79; p=0,019). Dans le sous-groupe des patientes porteuses d’une tumeur partiellement sensible aux platines, le bénéfice était encore plus marqué : médiane de SSP de 7,4 mois vs 5,5 mois sous DLP seule, ce qui représente une réduction de 35 % du risque relatif de progression ou de décès (HR 0,65; p=0,0152). Cette association a aussi donné lieu à une médiane de SG de 22,4 mois vs 16,4 mois (HR 0,64; p=0,0027).

Chez les 94 patientes qui ont reçu une chimiothérapie à base de platine en troisième intention, la prolongation de la survie était encore plus prononcée. Une estimation selon la méthode de Kaplan-Meier a mis en évidence une réduction remarquable de 42 % du risque relatif de décès dans ce sous-groupe de patientes (HR 0,58; p=0,0153), la médiane de SG ayant atteint 27,7 mois chez les patientes qui avaient reçu l’association vs 18,7 mois chez celles qui avaient reçu seulement la DLP (Figure 1).

«À 24 mois, 61 % des patientes ayant reçu l’association trabectédine + DLP étaient toujours en vie, vs 36,7 % des patientes qui avaient reçu la DLP en monothérapie», souligne la Dre Colombo.

L’analyse a aussi montré que chez les patientes porteuses d’une tumeur partiellement sensible aux platines, l’ajout de la trabectédine prolongeait significativement l’ISP par rapport à la DLP seule (11,5 vs 7,5 mois; HR 0,61, p=0,0203). L’administration plus tardive de la chimiothérapie de troisième intention à base d’un platine a donné lieu à une augmentation «remarquable» de 8,9 mois de la médiane de SG (18,8 vs 9,9 mois; HR 0,64, p=0,0513). De plus, le taux de survie à 12 mois après le début de la chimiothérapie de troisième intention à base d’un platine se chiffrait à 69,4 % vs 41,1 % chez celles qui avaient reçu la DLP seule.

Les données de l’essai OVA-301 sur l’innocuité du traitement avaient déjà été rapportées (Poveda et al. J Clin Oncol 2010;15[suppl]:5046). L’analyse de sous-groupe n’a révélé aucun effet indésirable nouveau ou inattendu. De plus, l’association trabectédine + DLP n’a donné lieu à aucun signe de toxicité de grade 3 ou 4, et aucun décès lié au traitement n’est survenu.

«Les résultats obtenus avec l’association trabectédine + DLP, nouveau schéma sans platine ni taxane, semblent indiquer que la prolongation de l’ISP pourrait améliorer les résultats de la chimiothérapie subséquente à base d’un platine et, en définitive, prolonger la survie de patientes porteuses d’un cancer de l’ovaire récidivant partiellement sensible aux platines», conclut la Dre Colombo.

Figure 1.


Cancer sensible aux platines

La deuxième analyse de l’essai OVA-301 présentée au congrès portait sur la totalité des 430 sujets dont la tumeur était sensible ou partiellement sensible aux platines (ISP >6 mois). Plus précisément, les chercheurs ont tenté d’examiner les résultats dans le cancer de l’ovaire récidivant sensible aux platines (ISP >12 mois) et partiellement sensible aux platines (ISP de 6 à 12 mois), et de les comparer.

L’analyse a fait ressortir un gain de survie significatif dans le cancer de l’ovaire sensible ou partiellement sensible aux platines, affirme le Dr Ignace Vergote, Université catholique, Louvain, Belgique. Dans le cancer sensible aux platines, l’association trabectédine + DLP a conféré un avantage de 3 mois sur le plan de la survie (27,0 vs 24,1 mois; HR 0,78, p=0,0319). Comme l’a aussi rapporté la Dre Colombo, la même association a conféré un avantage de 6 mois dans le cancer partiellement sensible aux platines (22,4 vs 16,4 mois; HR 0,65, p=0,0056).

«Au chapitre du choix de traitement, l’ISP revêt une importance particulière dans le cancer de l’ovaire récidivant. En effet, l’association trabectédine + DLP a autorisé une SG significativement supérieure chez les patientes dont la tumeur était sensible aux platines, conclut le Dr Vergote. En particulier, à en juger par les résultats de l’analyse de sous-groupe sur le cancer partiellement sensible aux platines, l’association trabectédine + DLP semble une option thérapeutique fort pertinente.»

Recherche clinique en cours

Les piètres résultats étant la norme dans le cancer de l’ovaire avancé, la possibilité de nouveaux traitements plus efficaces suscite toujours beaucoup d’intérêt. D’autres communications présentées au congrès témoignent de la recherche clinique en cours visant à trouver des stratégies de traitement optimales axées sur de nouveaux agents offrant un ratio bénéfices:risques acceptable.

Au nombre des essais dont les résultats sont dignes de mention figure l’essai de phase II sur l’olaparib, inhibiteur de l’enzyme PARP expérimental, dans le traitement du cancer de l’ovaire séreux récidivant et sensible aux platines chez des patientes qui avaient déjà reçu =2 schémas à base d’un platine et dont la réponse partielle ou complète s’était maintenue après le dernier schéma (résumé 1370). Après randomisation, les patientes recevaient par voie orale 400 mg d’olaparib 2 fois/jour ou un placebo. L’inhibiteur de la PARP a été associé à une prolongation significative de la SSP : 8,4 mois vs 4,8 mois sous placebo (p<0,00001) en traitement d’entretien.

Dans le cancer de l’ovaire séreux de bas grade récidivant, le traitement par un inhibiteur de la MAP-K, l’AZD6244 (selumetinib), a été associé à un bénéfice clinique (résumé 1719). On a rapporté une réponse ou une stabilisation de la maladie chez 42 des 52 (81 %) patientes. On a notamment relevé huit réponses objectives, dont une réponse complète, souligne le Dr John Farley, Uniformed University of the Health Sciences, Bethesda, Maryland.

Le Dr Jacobus Pfisterer, Hôpital de Solingen, Allemagne, a présenté les résultats d’un essai de phase III sur l’abagovomab, anticorps monoclonal anti-idiotype d’origine murine dirigé contre l’antigène CA125, qui regroupait 870 patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire avancé (résumé 555). Le traitement d’entretien par l’abagovomab après une chimiothérapie à base d’un platine et d’un taxane «a pu induire une réponse immunitaire spécifique peu de temps après la période d’induction de même que l’apparition d’anticorps antisouris dénotant une réponse immunitaire non spécifique», poursuit le Dr Pfisterer. Cependant, les résultats n’ont mis en évidence aucune prolongation de la SSP par rapport au placebo, la médiane de SSP ayant été identique – 13,2 mois – dans les deux groupes.

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