Comptes rendus

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En finir avec la faible efficacité des vaccins antigrippaux

Une nouvelle ère de schémas sans chimiothérapie voit le jour dans la leucémie lymphoïde chronique

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

MEDICALE FRONTIERES - l'Assemblée annuelle de l'American Society of Hematology

Atlanta, Géorgie / 9-12 décembre 2017

Atlanta – L’homologation récente de nombreux agents novateurs efficaces et bien tolérés a modifié la donne thérapeutique dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC). Les chercheurs apprennent à optimiser la séquence des agents novateurs – l’ibrutinib, l’idélalisib et le vénétoclax – tant par rapport aux immunochimiothérapies qu’aux autres agents novateurs, et possiblement à les utiliser en association. Selon des communications présentées au congrès de l’ASH de 2017, quelques associations et monothérapies sont prometteuses. L’un des grands objectifs du traitement de la LLC est d’éliminer la maladie résiduelle minime (MRM), cette stratégie étant associée à de meilleurs résultats sans égard au traitement. Des rémissions plus profondes allant jusqu’à l’absence de MRM ont été possibles, sans compter que le traitement a été de durée fixe. Un profil d’innocuité constant est aussi important, le traitement pouvant alors être généralisé.

Rédactrice médicale en chef : Dre Léna Coïc, Montréal, Québec  

Progrès du traitement d’association
dans la LLC réfractaire/en rechute

De l’avis de chercheurs présents au congrès, l’association vénétoclax (inhibiteur de BCL-2) + rituximab (anticorps monoclonal anti-CD20) (VR) est supérieure à la chimiothérapie de référence bendamustine + rituximab (BR) dans le traitement de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) réfractaire/en rechute (résumé LBA-2 de lASH, Seymour  et al.). 

Présentée dans le cadre des communications de dernière heure, une analyse intermédiaire de MURANO (essai de phase III mené en mode ouvert avec randomisation) a porté sur 389 patients atteints de LLC (194 sous VR et 195 sous BR). Dans le groupe VR, on portait la dose de vénétoclax de 20 à 400 mg par jour en 4 à 5 semaines afin d’atténuer le risque de syndrome de lyse tumorale (SLT). À partir de la  6e semaine, on a administré 6 cycles (28 jours) de rituximab par voie intraveineuse (i.v.) à raison de 375 mg/m2 (1re dose), puis de 500 mg/m2 par mois. Le traitement par le vénétoclax se poursuivait à raison de 400 mg/jour pendant au plus 2 ans ou jusqu’à la progression de la maladie. Dans le groupe BR, les patients recevaient de la bendamustine par voie i.v. à raison de 70 mg/m2 les jours 1 et 2 de chacun des 6 cycles de 28 jours en association avec du rituximab (même schéma que dans le groupe VR). 

Après un suivi de 2 ans (médiane), la survie sans progression (SSP) médiane était significativement plus longue sous VR (SSP médiane non atteinte) que sous BR (SSP médiane de 17 mois) (Figure 1).  

 

Le taux de SSP à 24 mois a été estimé à 84,9 % dans le groupe VR et à 36,3 % dans le groupe BR. L’absence de MRM dans le sang périphérique à n’importe quel moment pendant le suivi a été plus fréquente sous VR que sous BR (83,5 % vs 23,1 %) selon l'analyse en intention de traiter, sans compter qu'elle a été plus durable sous VR. Les profils d’innocuité étaient comparables aux profils connus, et aucun nouveau problème d’innocuité n’a été signalé.

«C’est le premier essai randomisé à comparer l’un des nouveaux agents ciblant la LLC avec une immuno-chimiothérapie de référence, et le schéma sans chimiothérapie s’est révélé supérieur», affirme le Dr John Seymour, Royal Melbourne Hospital, Melbourne, Australie. «Il semble indiquer que le vénétoclax devrait remplacer la chimiothérapie en présence de LLC réfractaire/en rechute. Les données montrent aussi que la suppression de la maladie détectable pave la voie à un traitement de durée restreinte dans ce contexte.»

Les associations d’agents
oraux novateurs sont prometteuses

D’autres données présentées durant les séances scientifiques ont montré que l’association ibrutinib (inhibiteur de la tyrosine kinase de Bruton) + vénétoclax donnait lieu à des taux élevés de réponse globale, de rémission complète (RC) et d’absence de MRM dans la LLC réfractaire/en rechute.

L’essai de phase II CLARITY regroupait 50 patients (âge médian de 64 ans) atteints de LLC réfractaire/en rechute. Après 6 mois de traitement par l’association des agents ciblés ibrutinib + vénétoclax, la maladie n’était plus détectable chez le tiers des patients dont la LLC avait déjà été traitée, et on n’a pas observé d’augmentation du nombre de cas de SLT, soulignent des chercheurs du Royaume-Uni (résumé 428 de lASH, Hillmen et al.).

Dans une étude menée au MD Anderson Cancer Center, aux États-Unis, le schéma ibrutinib + vénétoclax a été administré à 70 patients aux prises avec une LLC, 34 atteints de LLC réfractaire/en rechute et 36 présentant une LLC à haut risque traitée en première intention. Les chercheurs ont observé une réponse chez près de la moitié des patients atteints de LLC réfractaire/en rechute qui avaient reçu l’association pendant 6 mois; en outre, l’association a donné lieu à une diminution significative de l’infiltration médullaire, voire à l’absence de MRM chez plusieurs patients présentant un profil cytogénétique à haut risque (résumé 429 de l’ASH, Jain  et al.). Dans la cohorte à haut risque, tous les patients traités pendant 6 mois ont répondu, la maladie étant même indétectable dans la moelle osseuse chez plusieurs d’entre eux. 

Résultats cliniques durables

Le schéma obinutuzumab (anticorps monoclonal anti-CD20) + vénétoclax a été associé à un taux élevé de réponse profonde durable de même qu’à un taux sans précédent d’absence de MRM comparativement aux schémas d’immunochimiothérapie et à d’autres schémas novateurs sans chimiothérapie lors d’études sur le traitement de première intention.

Selon des données cliniques préliminaires, ce schéma a un profil d’innocuité acceptable et une efficacité prometteuse dans le traitement de la LLC réfractaire/en rechute ou jamais traitée (résumé 430 de lASH, Flinn  et al.). Dans cette nouvelle analyse, un groupe de 32 patients (âge médian de 63 ans) a reçu 6 cycles (28 jours) d’obinutuzumab en première intention : 100 mg le jour 1, 900 mg le jour 2 et 1000 mg les jours 8 et 15 du cycle 1; 1000 mg le jour 1 des cycles 2 à 6. En parallèle, le vénétoclax était administré à raison de 400 mg par jour (dose augmentée graduellement). À ces 6 cycles s’ajoutaient 6 autres cycles de vénétoclax en monothérapie pendant au plus 1 an, selon l’évolution de la LLC.

Les 32 patients ont répondu au traitement : 72 % sont parvenus à une RC ou à une RC avec récupération incomplète de la formule sanguine et 75 %, à l’absence de MRM dans la moelle osseuse. Le taux de MRM indétectable dans le sang périphérique s’est maintenu une fois le traitement terminé. Le taux de SSP à 18 mois a été estimé à 90,5 %. Le traitement a été bien toléré, et aucun cas de SLT clinique n’a été signalé.

«Le taux élevé de RC, l’absence de MRM et le taux de SSP préliminaire annoncent des résultats cliniques durables chez ces patients qui ont reçu ce schéma sans chimiothérapie d’une durée fixe de 1 an en première intention», affirme le Dr Ian Flinn, Sarah Cannon Research Institute, Nashville, Tennessee. «L’obinutuzumab semble être un anticorps monoclonal anti-CD20 plus efficace que le rituximab. Les associations reposant sur le vénétoclax sont sûres et bien tolérées, et on tend maintenant vers une administration en première intention.»

Monothérapies

Une analyse groupée de trois études en cours montre que le vénétoclax administré seul donne lieu à des réponses profondes et durables dans la LLC réfractaire/en rechute, même en présence d’une del(17p).

Au total, 352 patients (âge médian de 66 ans), les deux tiers présentant une del(17p), ont reçu du vénétoclax à raison de 400 mg/jour (augmentation progressive de la dose sur 4 à 5 semaines) jusqu’à la progression de la maladie ou à l’arrêt du traitement.

Les taux de RC, de SSP et de survie globale (SG) étaient d’autant plus favorables que le volume tumoral et le nombre de traitements antérieurs étaient moindres (résumé 4329 de l’ASH, Wierda et al.). Seuls le volume tumoral et le nombre de traitements antérieurs ont eu un impact sur l’issue clinique, la présence d’une del(17p) et l’exposition antérieure à un inhibiteur du récepteur des cellules B – pourtant deux indicateurs d’un sombre pronostic – n’ayant eu aucune répercussion (Tableau 1).

«Ces données semblent indiquer que le traitement par le vénétoclax pourrait être plus bénéfique s’il est administré tôt et, dans les cas de maladie évolutive, avant l’apparition d’adénopathies volumineuses (plus de 5 cm),» souligne le Dr William Wierda, University of Texas MD Anderson Cancer Center, Houston, Texas.

La récente analyse rétrospective d’une cohorte de patients traités par le vénétoclax dans la pratique a révélé que l’ibrutinib était actif après l’échec d’un traitement par le vénétoclax (résumé 4315 de l’ASH, Mato et al.). Chez les 16 patients qui ont cessé leur traitement par le vénétoclax et qui ont ensuite reçu de l’ibrutinib, le taux de réponse objective a atteint 69 %. Quelque 63 % des patients avaient déjà été exposés à un inhibiteur de kinases. Les chercheurs ont souligné qu'une exposition antérieure à l’ibrutinib et un profil génétique à haut risque avaient été associés à une SSP moindre, surtout en présence d’une del(17p) ou d’une exposition antérieure à un inhibiteur de kinases. Un traitement par l’ibrutinib est actif après l’arrêt du traitement par le vénétoclax. La séquence optimale de nouveaux agents pour la LLC comme ces derniers après l’arrêt du traitement par le vénétoclax devra être étudiée plus à fond.

Une autre étude présentée par le Dr Flinn (résumé 493 de l’ASH, Flinn et al.) a révélé que le duvélisib (inhibiteur de P13K) administré en monothérapie était un nouveau traitement pratique prometteur dans la LLC et le lymphome à petits lymphocytes (LPL) déjà traités. Lors d’un essai de phase III avec randomisation, on a comparé le duvélisib seul par voie orale (25 mg 2 fois/jour) sans interruption avec l’ofatumumab seul en perfusion intraveineuse (300 mg le jour 1, puis 2000 mg par semaine [x7], puis par mois [x4]) chez 319 patients atteints de LLC/LPL réfractaire/en rechute.

Ces chercheurs ont constaté que la SSP avait été significativement plus longue sous duvélisib (13,3 mois) que sous ofatumumab (9,9 mois). Le bénéfice a été comparable en présence d’une del(17p). Selon les chercheurs, le duvélisib a diminué significativement le fardeau ganglionnaire de plus de 50 % chez la plupart des patients (85 %), comparativement à l’ofatumumab (16 %). Le profil d’effets indésirables du duvélisib (durée médiane de l’exposition : 50 semaines) était maîtrisable et comparable à ce que l’on avait observé antérieurement.

Conclusion

Malgré le développement récent de traitements ciblés novateurs, la LLC demeure incurable, et de nombreux patients finissent par rechuter même s’ils ont reçu un traitement optimal. D’autres traitements ciblant de nouvelles voies s’imposent. Avec l’avènement de plusieurs classes d’agents non chimiothérapeutiques actifs dans la LLC, les chercheurs étudient maintenant à la fois des associations rationnelles et des monothérapies dans l’espoir d’obtenir des réponses profondes et ainsi une survie de longue durée. À en juger par des données passées obtenues avec l’immunochimiothérapie, on observe une corrélation entre, d’une part, le volume tumoral, le nombre de traitements antérieurs et la sensibilité à la chimiothérapie et, d’autre part, la profondeur et la durabilité de la rémission.

L’avènement d’agents novateurs représente une avancée importante pour les patients et un défi pour les cliniciens qui doivent apprendre à en optimiser la séquence. Ce sont les marqueurs pronostiques individuels (analyse FISH et mutations de la région variable des chaînes lourdes des immunoglobulines) ainsi que la comorbidité du patient qui devraient déterminer l’ordre des traitements. Le plus difficile pour les cliniciens demeure de déterminer la meilleure conduite à tenir chez tous les patients atteints de LLC. En cette ère de nombreux nouveaux traitements ciblés et d’optimisation des résultats, l’objectif est de prolonger la survie et la durée de la rémission chez les patients dont la LLC rechute.

La démonstration d’une efficacité en termes de survie et de qualité de vie en cas de LLC réfractaire/en rechute ou jamais traitée  est le principal enjeu clinique du développement de nouvelles molécules. Les agents oraux novateurs semblent bien tolérés et efficaces, et semblent mieux maîtriser la maladie, ce qui devrait permettre aux patients de bénéficier de meilleurs traitements.    

Questions & Answers 

Voici les réponses d’une chercheuse de l’essai clinique MURANO, la Dre Carolyn Owen, Alberta Health Services, département d’hématologie, Calgary, Alberta, à nos questions.

Q : Quelles sont les implications réelles de l’essai MURANO pour les oncologues du Canada?

R : MURANO visait à comparer les schémas vénétoclax + rituximab et bendamustine + rituximab – une immunochimiothérapie classique offerte presque partout au Canada – dans le traitement de la LLC réfractaire/en rechute. En cette ère de nouveaux traitements ciblés, nous aspirons tous à éviter la chimiothérapie aux patients. Le vénétoclax est le plus récent des agents ciblés. Au Canada, il est accessible uniquement par l’intermédiaire d’un programme compassionnel et d’assurances privées, principalement dans les cas de LLC très réfractaire. L’essai MURANO permettait à tout patient aux prises avec une LLC en rechute, y compris ceux qui avaient reçu un seul traitement antérieur, de recevoir l’association vénétoclax + rituximab.  

Les résultats de MURANO sont impressionnants, le traitement de durée limitée ayant été associé à d’excellents taux de réponse, à des rémissions de longue durée et à une bonne tolérabilité. Le vénétoclax est le premier nouvel agent ciblé à être administré pendant une durée fixe, limitée dans le temps. 

Q : Quelle est l’importance d’une durée fixe du traitement? 

R : Un traitement de durée fixe est plus efficient, mais c’est aussi un atout pour le patient qui peut ainsi entrevoir la fin de son traitement. Dans le cas de l’ibrutinib, que l’on doit administrer jusqu’à la progression de la maladie, il est difficile de prévoir le coût du traitement. À l’heure actuelle, nous devons nous contenter d’estimer le nombre de patients atteints de LLC qui recevront le traitement et le coût du traitement. Si le traitement est de durée limitée, par contre, nous savons exactement combien le traitement coûtera, et il y a fort à parier que le coût et la toxicité seront moindres. 

Q : Pourquoi la profondeur de la réponse et l’absence de MRM sont-elles importantes? 

R : L’absence de MRM de même que la durée de la rémission sont corrélées avec la durée de la SG. L’absence de MRM était plus fréquente dans le groupe vénétoclax de l’essai MURANO et sur le plan de la SG, l’étude montre déjà une différence en faveur de ce groupe. L’ampleur de la différence sur le plan de l’absence de MRM donne tout lieu de croire qu’avec le temps, le gain de SG pourrait être encore plus marqué sous vénétoclax. 

Q : Que peut-on conclure du profil d’innocuité constant? 

R : Deux effets indésirables dignes de mention ont été associés au vénétoclax : le syndrome de lyse tumorale, dont on a atténué le risque en adoptant une posologie progressivement croissante, et la neutropénie. L’association du vénétoclax et du rituximab a fait craindre une augmentation du nombre d’effets indésirables, mais au final, aucun nouvel effet indésirable n’a été signalé. La neutropénie demeure un effet notable, mais l’association n’a pas aggravé la situation. Les complications infectieuses, telle la neutropénie fébrile, demeurent assez rares, et ne sont pas plus fréquentes sous vénétoclax. 

Q : Quelle sera la prochaine étape du côté de la recherche? 

R : La plupart des experts estiment que le schéma bendamustine + rituximab n’est pas le comparateur de référence aujourd’hui. Des médicaments comme l’ibrutinib et l’idélalisib n’étaient pas monnaie courante au Canada lorsque l’étude a débuté. Au terme de l’étude, par contre, les agents ciblés étaient devenus le traitement de référence d’une LLC en rechute. Il faut maintenant se demander si le schéma vénétoclax + rituximab remplacera l’ibrutinib dans le traitement de deuxième ou de troisième intention chez les patients qui n’ont pas été exposés antérieurement à un inhibiteur du récepteur des cellules B.  

La prochaine étape sera de comparer les traitements ciblés entre eux et de suivre les patients plus longtemps. L’absence de MRM est un objectif très récent du traitement de la LLC en rechute. Si, avec le temps, nous réussissons à montrer l’absence de rechute chez une certaine proportion de patients, ce serait une bonne raison de tendre vers l’association vénétoclax + rituximab.    

Pour visionner le complément vidéo de ce rapport, consultez Perspective canadienne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«Ces données semblent indiquer que le traitement par le vénétoclax pourrait être plus bénéfique s’il est administré tôt et, dans les cas de maladie évolutive, avant l’apparition d’adénopathies volumineuses (plus de 5 cm),» souligne le Dr William Wierda, University of Texas MD Anderson Cancer Center, Houston, Texas. Dans la pratique clinique, l’expérience avec le vénétoclax montre qu’il est possible d’atteindre et de maintenir la dose maximale de 400 mg chez la majorité des patients atteints de LLC. Une analyse ciblant 204 patients atteints de LLC a révélé que le vénétoclax était actif en présence de mutations connues pour conférer une résistance à l’ibrutinib. Une exposition antérieure à l’ibrutinib et un profil génétique à haut risque ont été associés à une SSP moindre, surtout en présence d’une del(17p) ou d’une exposition antérieure à un inhibiteur de kinases. Un traitement par l’ibrutinib est actif après l’arrêt du traitement par le vénétoclax. La séquence optimale des nouveaux traitements pour la LLC après l’arrêt du traitement par le vénétoclax devra être étudiée plus à fond.

Administré en monothérapie, le duvélisib (inhibiteur de PI3K) est un nouveau traitement pratique prometteur dans la LLC et le lymphome à petits lymphocytes (LPL) déjà traités. Lors d’un essai de phase III avec randomisation, on a comparé le duvélisib seul par voie orale (25 mg 2 fois/jour) sans interruption avec l’ofatumumab seul en perfusion intraveineuse (300 mg le jour 1, puis 2000 mg par semaine [x7], puis par mois [x4]) chez 319 patients atteints de LLC/LPL réfractaire/en rechute.

La SSP a été significativement plus longue sous duvélisib (13,3 mois) que sous ofatumumab (9,9 mois). Le bénéfice a été comparable en présence d’une del(17p). Le duvélisib a diminué significativement le fardeau ganglionnaire de plus de 50 % chez la plupart des patients (85 %), comparativement à l’ofatumumab (16 %). Le profil d’effets indésirables du duvélisib (durée médiane de l’exposition : 50 semaines) était maîtrisable et comparable à ce que l’on avait observé antérieurement.

Conclusion

Malgré le développement récent de traitements ciblés novateurs, la LLC demeure incurable, et de nombreux patients finissent par rechuter même s’ils ont reçu un traitement optimal. D’autres traitements ciblant de nouvelles voies s’imposent. Avec l’avènement de plusieurs classes d’agents non chimiothérapeutiques actifs dans la LLC, les chercheurs étudient maintenant à la fois des associations rationnelles et des monothérapies dans l’espoir d’obtenir des réponses profondes et ainsi une survie de longue durée. À en juger par des données passées obtenues avec l’immunochimiothérapie, on observe une corrélation entre, d’une part, le volume tumoral, le nombre de traitements antérieurs et la sensibilité à la chimiothérapie et, d’autre part, la profondeur et la durabilité de la rémission.

L’avènement d’agents novateurs représente une avancée importante pour les patients et un défi pour les cliniciens qui doivent apprendre à en optimiser la séquence. Ce sont les marqueurs pronostiques individuels (analyse FISH et mutations de la région variable des chaînes lourdes des immunoglobulines) ainsi que la comorbidité du patient qui devraient déterminer l’ordre des traitements. Le plus difficile pour les cliniciens, c’est de déterminer la conduite à tenir face à une LLC en rechute. En cette ère de nombreux nouveaux traitements ciblés et d’optimisation des résultats, l’objectif est de prolonger la survie et la durée de la rémission chez les patients dont la LLC rechute.

La démonstration d’une efficacité en termes de survie et de qualité de vie en cas de rechute est le principal enjeu clinique du développement de nouvelles molécules. Les agents les plus récents semblent bien tolérés et efficaces, et semblent mieux maîtriser la maladie, ce qui devrait permettre aux patients de bénéficier de meilleurs traitements. 

Questions & Answers

Voici les réponses de la Dre Carolyn Owen, Alberta Health Services, département d’hématologie, Calgary, Alberta, à nos questions.

Q : Quelles sont les implications réelles de l’essai MURANO pour les oncologues du Canada?

R : MURANO visait à comparer les schémas vénétoclax + rituximab et bendamustine + rituximab – l’actuelle immunochimiothérapie de référence – dans le traitement de la LLC réfractaire/en rechute. En cette ère de nouveaux traitements ciblés, nous aspirons tous à éviter la chimiothérapie aux patients. Le vénétoclax est le plus récent des agents ciblés. Au Canada, il est actuellement accessible aux patients réfractaires à des monothérapies dans le cadre d’un programme d’accès compassionnel. L’essai MURANO permettait à tout patient aux prises avec une LLC en rechute de recevoir l’association vénétoclax + rituximab.

Les résultats de MURANO sont impressionnants, le traitement de durée limitée ayant été associé à d’excellents taux de réponse, à des rémissions de longue durée et à une bonne tolérabilité. Le vénétoclax est le premier nouvel agent ciblé à être administré pendant une durée fixe, limitée dans le temps.

Q : Quelle est l’importance d’une durée fixe du traitement?

R : Un traitement de durée fixe est plus efficient, mais c’est aussi un atout pour le patient qui peut ainsi entrevoir la fin de son traitement. Dans le cas de l’ibrutinib, que l’on doit administrer jusqu’à la progression de la maladie, il est difficile de prévoir le coût du traitement. À l’heure actuelle, nous devons nous contenter d’estimer le nombre de patients atteints de LLC qui recevront le traitement et le coût du traitement. Si le traitement est de durée limitée, par contre, nous savons exactement combien le traitement coûtera, et il y a fort à parier que le coût et la toxicité seront moindres.

Q : Pourquoi la profondeur de la réponse et l’absence de MRM sont-elles importantes?

R : L’absence de MRM de même que la durée de la rémission sont corrélées avec la durée de la SG. L’absence de MRM était plus fréquente dans le groupe vénétoclax de l’essai MURANO et sur le plan de la SG, l’étude montre déjà une différence en faveur de ce groupe. L’ampleur de la différence sur le plan de l’absence de MRM donne tout lieu de croire qu’avec le temps, le gain de SG pourrait être encore plus marqué sous vénétoclax.

Q : Que peut-on conclure du profil d’innocuité constant?

R : Deux effets indésirables dignes de mention ont été associés au vénétoclax : le syndrome de lyse tumorale, dont on a atténué le risque en adoptant une posologie progressivement croissante, et la neutropénie. L’association du vénétoclax et du rituximab a fait craindre une augmentation du nombre d’effets indésirables, mais au final, aucun nouvel effet indésirable n’a été signalé. La neutropénie demeure un effet notable, mais l’association n’a pas aggravé la situation. Les complications infectieuses, telle la neutropénie fébrile, demeurent assez rares, et ne sont pas plus fréquentes sous vénétoclax.

Q : Quelle sera la prochaine étape du côté de la recherche?

R : La plupart des experts estiment que le schéma bendamustine + rituximab n’est pas le comparateur de référence aujourd’hui. Des médicaments comme l’ibrutinib et l’idélalisib n’étaient pas monnaie courante au Canada lorsque l’étude a débuté. Au terme de l’étude, par contre, les agents ciblés étaient devenus le traitement de référence d’une LLC en rechute. Il faut maintenant se demander si le schéma vénétoclax + rituximab remplacera l’ibrutinib dans le traitement de deuxième ou de troisième intention chez les patients qui n’ont pas été exposés antérieurement à un inhibiteur du récepteur des cellules B.

La prochaine étape sera de comparer les traitements ciblés entre eux et de suivre les patients plus longtemps. L’absence de MRM est un objectif très récent du traitement de la LLC en rechute. Si, avec le temps, nous réussissons à montrer l’absence de rechute chez une certaine proportion de patients, ce serait une bonne raison de tendre vers l’association vénétoclax + rituximab.   

 


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