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Prévention et diminution des éventuelles complications des infections et de divers troubles chez le nourrisson

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE- 89e Congrès annuel de la Société canadienne de pédiatrie

London, Ontario / 6-9 juin 2012

London, Ontario - Ses résultats étant fort impressionnants, la vaccination est la principale stratégie que l’on recommande pour prévenir les infections – fréquentes ou rares – chez l’enfant. Pourtant, le fossé semble se creuser entre le corps médical et le public quant à l’acceptation des vaccins de l’enfance, les opposants à la vaccination incitant le public à la méfiance. Le moment est venu pour les professionnels de la santé d’intervenir. Bien que rares, les infections invasives à méningocoque (IIM) comptent parmi les infections les plus redoutées chez l’enfant, mais un nouveau vaccin contre le méningocoque de sérogroupe B pourrait bientôt contribuer à remédier à la situation. Par ailleurs, il est établi que le développement optimal des yeux et du cerveau chez le nourrisson dépend grandement de la nutrition au cours des premiers mois de vie et en particulier de certains caroténoïdes qui favorisent à la fois le développement des yeux et celui des fonctions cognitives. De plus, a-t-on réitéré au congrès, il faut intervenir sans délai pour réduire au minimum les complications à long terme de certains troubles oculaires congénitaux.

Il a souvent été question au congrès – notamment lors de deux symposiums éducatifs – de l’importance de prévenir ou de réduire au minimum les complications graves des maladies infectieuses et de divers troubles chez l’enfant.

La vaccination, principale stratégie de prévention des maladies infectieuses chez l’enfant, a fait l’objet de nombreuses allocutions. William Fisher, PhD, professeur titulaire de psychologie, University of Western Ontario, London – dont l’allocution portait sur le fossé qui se creuse entre les prestataires de soins de santé et le public quant à la perception des vaccins – estime que les professionnels de la santé doivent intervenir directement pour apaiser les inquiétudes du public. Le public se fait souvent une opinion à la lumière de ce qu’il a lu ou entendu, parfois de sources douteuses. Avec Internet, les arguments des opposants à la vaccination pèsent plus lourd que jamais dans la balance, enchaîne M. Fisher, et le public est très réceptif aux témoignages émotifs des parents qui imputent des problèmes de santé à une seule dose vaccinale.

Le public se méfie aussi de l’industrie, dont le vaste éventail de nouveaux vaccins est source de confusion et complique les calendriers de vaccination. Dans un sondage récent mené par Ekos Research (en 2011, pour le compte de l’Agence de santé publique du Canada), 89 % des parents sondés ont affirmé que leur enfant avait reçu tous les vaccins recommandés pour les enfants de son âge. Parmi les répondants dont les enfants n’avaient pas reçu tous les vaccins, 28 % estimaient que les vaccins n’étaient pas nécessaires; 17 % s’inquiétaient de leur innocuité; 16 % ont dit qu’ils n’y croyaient pas; et 12 % ont affirmé que les vaccins avaient trop d’effets indésirables. En outre, environ la moitié des répondants estimaient que les nouveaux vaccins n’étaient pas aussi sûrs que les vaccins établis et plus de 40 % des répondants s’inquiétaient davantage de l’innocuité des vaccins qu’il y a 5 ans. Fort heureusement, enchaîne M. Fisher, la majorité des parents canadiens suivent l’avis de leur médecin quand ce dernier recommande de vacciner leur enfant.

Infections évitables chez l’enfant

L’infection invasive à méningocoque (IIM) est la plus préoccupante des infections évitables par la vaccination chez l’enfant. Bien que rare, elle peut entraîner des séquelles graves, voire la mort. Au vu de sa brève période d’incubation, on ne peut pas se fier à la réponse anamnestique (mémoire) à Neisseria meningitidis pour la prévention de la maladie, précise la Dre Marina Salvadori, professeure agrégée de pédiatrie, University of Western Ontario, ajoutant que l’administration de doses de rappel sera donc nécessaire. La Société canadienne de pédiatrie (SCP) recommande l’administration à 12 mois d’une dose du vaccin conjugué contre le méningocoque de sérogroupe C (méningocoque C); chez les enfants à risque élevé d’IIM, le même vaccin peut être administré à 2, 4 et 12 mois. Cependant, le nourrisson qui a reçu une dose du vaccin conjugué contre le méningocoque C avant l’âge de 12 mois a besoin d’une deuxième dose durant sa deuxième année de vie. Une dose de rappel de ce vaccin peut aussi être administrée à l’adolescence, idéalement à l’âge de 12 ans.

Les vaccins quadrivalents conjugués contre les méningocoques de sérogroupe A, C, Y et W-135 (Menactra ou Menveo) peuvent aussi être administrés à l’âge de 2 ans chez les enfants à risque élevé d’IIM et servir de dose de rappel à l’adolescence. Vu le succès de la vaccination massive contre les IIM imputables au méningocoque C, «les infections causées par le méningocoque de sérogroupe B (“méningocoque B”) sont en fait devenues plus fréquentes que les infections causées par le méningocoque C», enchaîne la Dre Salvadori. Comme le souligne la SCP dans sa mise à jour de 2011 (Paediatr Child Health 2011;16[8]485-6), l’infection causée par le méningocoque B est endémique au Canada, et son incidence atteint un maximum chez les enfants de moins de 5 ans. En fait, plus de 70 % des cas dans ce groupe d’âge sont maintenant imputables au méningocoque B, affirme la SCP.

Les estimations provenant d’études sur le 4CMenB, nouveau vaccin contre le méningocoque B, donnent tout lieu de croire que le vaccin protégera environ 75 % des nourrissons et plus de 80 % des adolescents et des adultes contre les souches de méningocoques circulant actuellement au Canada. L’ajout du vaccin contre les IIM de sérogroupe B à l’arsenal de vaccins antiméningococciques permettra aux professionnels de la santé de prévenir les IIM causées par les cinq sérogroupes.

Développement normal du nourrisson

Une saine nutrition est aussi essentielle au développement normal du nourrisson et de l’enfant, surtout durant la période de croissance accélérée faisant suite à la naissance. Comme l’expliquait le Dr Lewis Rubin, titulaire de la chaire de néonatologie et professeur de pédiatrie, University of South Florida, Tampa et St. Petersburg, plusieurs nutriments alimentaires s’accumulent sélectivement dans le cerveau et la rétine au cours de la période de croissance rapide du cerveau après la naissance; l’acide docosahexaénoïque (DHA), l’un des acides gras polyinsaturés oméga-3 à longue chaîne, compte parmi les plus importants. Il est ressorti d’études que de fortes concentrations en DHA dans le cerveau et la rétine étaient associées à une amélioration cognitive et visuelle chez les nourrissons et les adultes, poursuit le Dr Rubin.

Plus récemment, on a établi l’importance de la lutéine dans l’alimentation de la mère pour le développement visuel et cérébral du nourrisson. On croit que la lutéine, caroténoïde connu pour être un puissant antioxydant doté de propriétés anti-inflammatoires, protège les yeux et le cerveau contre le stress oxydatif causé par les radicaux libres. La lutéine et la zéaxanthine, un caroténoïde très similaire, participent étroitement à la capacité filtrante de l’œil. Comme la lutéine et la zéaxanthine sont des composants essentiels des pigments maculaires, elles sont souvent décrites comme étant «les pigments maculaires». Il est maintenant établi que la perte de pigments maculaires est associée à divers troubles oculaires, notamment la dégénérescence maculaire aiguë et la rétinopathie diabétique.

Dans les sociétés occidentales, l’apport en acides gras oméga-3 et en lutéine est généralement bien inférieur aux apports recommandés. Par conséquent, «les nourrissons ont de très faibles taux et réserves tissulaires de lutéine», le lait maternel étant la seule source de lutéine pour le nourrisson avant le sevrage.

Les données montrent maintenant que de faibles taux sériques de lutéine et de zéaxanthine augmentent le risque de rétinopathie progressive chez les prématurés. Dans une étude qui ciblait des prématurés, le Dr Rubin et ses collaborateurs
(J Perinatol 2012;32:418-24) ont constaté que les taux plasmatiques de caroténoïdes étaient significativement plus élevés chez les prématurés qui avaient reçu une préparation enrichie de lutéine, de zéaxanthine, de lycopène et de bêta-carotène (tous des caroténoïdes) que chez des témoins qui recevaient une préparation non enrichie, et qu’ils étaient comparables à ceux de nourrissons nés à terme et allaités.

De plus, la sensibilité des photorécepteurs de type bâtonnet était plus grande chez les nourrissons recevant la préparation enrichie de caroténoïdes que chez les témoins. «Cette étude a été la première à montrer que la supplémentation en lutéine dès la naissance pouvait atténuer la sévérité de la rétinopathie du prématuré, principale cause de cécité acquise chez les enfants, et améliorer les paramètres fonctionnels de la rétine», affirme le Dr Rubin.

Troubles oculaires chez l’enfant

Au chapitre de la prise en charge des troubles oculaires du nourrisson, on estime maintenant qu’il est essentiel d’intervenir sans délai afin de maximiser les chances de préservation de la vision. «Nous avions l’habitude d’opérer les strabismes congénitaux, le plus fréquent étant l’ésotropie, juste avant l’âge de 2 ans», affirme la Dre Sapna Sharan, professeure adjointe de pédiatrie (ophtalmologie), University of Western Ontario. Cette attente signifie toutefois que le nourrisson n’apprend pas à traiter des images en parallèle et que le cortex visuel commence à s’atrophier du fait qu’il n’est pas stimulé de façon appropriée. Par conséquent, «nous avons maintenant tendance à opérer peu de temps avant le premier anniversaire», ajoute-t-elle.

Des troubles comme la cataracte, l’opacité cornéenne et le glaucome congénitaux nécessitent une intervention encore plus urgente et doivent être opérés immédiatement, c’est-à-dire avant l’âge de 6 semaines. «Avant l’âge de 6 semaines, le regard est fugace, mais lorsque le nourrisson commence à fixer le regard, l’œil s’arrête pour regarder. Il faut donc intervenir avant l’âge de 6 semaines pour que le cerveau soit entraîné très tôt», explique la Dre Sharan.

Résumé

La vaccination contre les maladies infectieuses de l’enfance est connue pour être l’intervention la plus efficace de l’histoire de la médecine moderne. Chaque année, grâce à la vaccination, des millions de nourrissons et d’enfants évitent de graves séquelles, voire la mort imputable à ces infections évitables. Nous devons maintenant continuer d’encourager l’acceptation des vaccins auprès du public – toujours plus sceptique face à leur innocuité – et d’offrir des vaccins appropriés pour l’âge des enfants à la lumière de l’épidémiologie des micro-organismes les plus pathogènes. Par ailleurs, nous devons optimiser la nutrition du nourrisson et lui assurer un apport suffisant de micronutriments qui contribuent au développement visuel et cognitif. Les spécialistes doivent quant à eux être à l’affût des troubles oculaires chez le nourrisson afin de les traiter à temps.    

Le présent compte rendu découle de communications présentées durant les symposiums éducatifs officiels intitulés «La vaccination contre le méningocoque en pédiatrie : les lignes directrices et les questions relatives au taux de vaccination» et «Le développement du cerveau et des yeux du nourrisson : le rôle de la nutrition dans la vision et la santé oculaire» qui ont eu lieu le mercredi 6 juin de 11 h 45 à 13 h 15, dans le cadre du 89e Congrès annuel de la Société canadienne de pédiatrie, du 6 au 9 juin 2012, à London, en Ontario. Sauf indication contraire, les opinions exprimées dans le présent compte rendu sont celles des conférenciers du congrès et ne reflètent pas nécessairement celles de la Société canadienne de pédiatrie.

 

Les comptes rendus du Réseau d'éducation médicale (Mednet), qui sont accrédités par l'université McGill dans le cadre de la série de comptes rendus de congrès accrédités MedPoint, donnent droit à des crédits Mainpro-M1 et à des crédits du programme MDC.

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