Comptes rendus

Traitement du myélome multiple nouvellement diagnostiqué et rôle de la greffe de cellules souches hématopoïétiques
Myélome multiple réfractaire : prolongation du délai de progression grâce à de nouveaux protocoles de traitement

Retombées cliniques et traitement du déficit en testostérone lié à l’âge

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

D’après la publication suivante : Clinical Interventions in Aging 2007;2(4):1-10.

Retombées sur de multiples systèmes

La baisse du taux de testostérone entraîne une diminution de la masse musculaire, de la force et de l’endurance, et une augmentation de la masse grasse. Comme la testostérone influe sur la formation osseuse (conversion en dihydrotestostérone par la 5-a réductase) et la résorption osseuse (conversion en estradiol par l’aromatase), une hypotestostéronémie pourrait aussi augmenter le risque d’ostéopénie ou d’ostéoporose. Ensemble, ces effets peuvent contribuer à l’augmentation du risque de chute et de fracture. Chez les hommes hypogonadiques frêles, l’administration de testostérone peut accroître la masse musculaire maigre, améliorer la capacité fonctionnelle physique et possiblement prévenir les blessures.

Dans le cerveau, la testostérone semble contribuer à la croissance et à la survie des cellules, ainsi qu’à l’irrigation sanguine, surtout des régions qui régissent les fonctions exécutives comme le comportement cognitif, la planification stratégique et l’activité motrice supérieure, ainsi que les émotions, la vigilance et la mémoire. Il a été démontré qu’un taux de testostérone biodisponible élevé est corrélé avec une meilleure mémoire visuelle et verbale et un meilleur fonctionnement visuospatial chez l’homme âgé. Il ressort de la recherche préliminaire qu’un taux de testostérone suffisamment élevé pourrait être important pour la prévention et peut-être même pour le traitement de la maladie d’Alzheimer. Certaines données confortent aussi l’hypothèse selon laquelle une baisse du taux de testostérone pourrait être liée à la dépression chez les hommes d’âge moyen ou avancé et que l’administration de testostérone pourrait soulager les symptômes dépressifs ou dysthymiques.

Au nombre des liens plus intrigants entre la testostérone et la morbidité figure la probabilité d’un taux anormalement bas de cette hormone chez les hommes atteints de la maladie coronarienne ou d’autres maladies susceptibles d’entraîner un trouble cardiovasculaire (CV). Par exemple, un faible taux de testostérone a été associé à une athérosclérose précoce, à une altération des métabolismes insulinique et glucidique, aux dyslipidémies et à l’anémie. Dans l’ensemble, les données actuelles dans ce domaine semblent indiquer que la testostérone pourrait protéger contre l’apparition de la maladie CV.

Le taux de testostérone a tendance à être faible chez l’homme âgé diabétique, et il a été démontré qu’en pareilles circonstances, le traitement de l’hypogonadisme exerce un effet positif sur les marqueurs du diabète, du cholestérol total et de l’adiposité abdominale. Il ressort d’études récentes que les hommes hypogonadiques, surtout ceux dont l’indice de masse corporelle est élevé, sont aussi exposés à un risque plus élevé que la moyenne de survenue d’un syndrome métabolique, et que l’administration de testostérone pourrait constituer une mesure préventive si elle se greffe à une modification des habitudes de vie.

Plusieurs publications font état d’un lien entre la baisse du taux de testostérone et les maladies auto-immunes. D’aucuns avancent que la testostérone et d’autres androgènes seraient dotés de propriétés anti-inflammatoires; il est d’ailleurs ressorti de quelques études que l’administration de testostérone à un patient polyarthritique peut améliorer la réponse immunitaire.

Essai thérapeutique en présence de symptômes

Chez l’homme qui avance en âge et qui présente des signes d’hypogonadisme, l’administration de testostérone peut retarder ou faire régresser certaines de ces affections et contribuer au mieux-être physique et psychologique. Bien que la nécessité de traiter le déficit naturel en testostérone soit plutôt controversé, de plus en plus de données fort intéressantes convergent vers l’essai du traitement en présence de symptômes et en l’absence de contre-indications. À l’heure actuelle, on est généralement d’accord pour dire que la testostérone exogène n’est pas une solution que l’on devrait envisager chez l’homme atteint d’un cancer de la prostate ou d’un cancer du sein; par contre, peu de données justifient la crainte fort répandue qu’un traitement par la testostérone entraîne un cancer de la prostate. Un essai de six mois est généralement suffisant pour déterminer si les symptômes s’atténuent.

Questions et réponses

Les questions et réponses qui suivent sont tirées d’un entretien avec le Dr Jerald Bain, professeur émérite, faculté de médecine, division de l’endocrinologie et du métabolisme, University of Toronto, Ontario.

Q : De quelle façon le taux de testostérone doit-il être mesuré?

R : Parmi les méthodes de dosage commercialisées, la meilleure est celle qui mesure la testostérone biodisponible. Le test qui mesure la testostérone libre n’est pas très fiable.

Q : Quels sont les critères qui devraient guider la décision d’administrer un traitement par la testostérone?

R : D’abord, le patient doit présenter des symptômes; ensuite, son taux de testostérone doit être indiscutablement faible ou plutôt faible. Nous n’avons pas de lignes directrices qui définissent avec précision ce qu’on entend universellement par «plutôt faible». Personnellement, je me fie aux symptômes, et je traite si le taux de testostérone totale est inférieur à 14 nmol/L ou si le taux de testostérone biodisponible est inférieur à environ 3,8 nmol/L, peu importe la testostérone totale. Les principaux arguments à l’appui de l’utilisation de la testostérone exogène sont, en premier lieu, la nécessité d’améliorer le bien-être général; viennent au deuxième rang l’énergie et la force, et au troisième rang, la dysfonction sexuelle. Si, en présence d’un faible taux de testostérone, votre patient est léthargique, faible, déprimé et a une faible libido, vous pouvez au moins essayer de lui donner de la testostérone. Comme on le précise dans l’article, il ressort d’un nombre croissant de données qu’elle pourrait être utile pour le traitement des troubles de l’humeur. La testostérone ne remplace pas l’antidépresseur chez l’homme dont le taux de testostérone est parfaitement normal, par contre. Cela dit, il est logique d’essayer le traitement chez un homme dont le taux de testostérone est faible.

Q : Pourquoi certains médecins ont-ils des réserves face à l’administration de testostérone?

R : Ils se préoccupent surtout de l’effet sur la glande prostatique. Plus précisément, ils craignent que l’administration de testostérone favorise la survenue d’un cancer ou la prolifération de cellules cancéreuses existantes. Dans les faits, aucune donnée ne montre que la testostérone exogène contribue à l’apparition d’un cancer de la prostate et, en toute honnêteté, je vous assure qu’il y a très peu de données démontrant qu’elle pourrait favoriser la progression d’un cancer existant. On se soucie aussi de ses effets sur la fonction cardiaque. La testostérone a eu mauvaise presse parce qu’elle a été associée aux stéroïdes anabolisants, qui s’apparentent à la testostérone et qui exercent effectivement des effets indésirables sur la fonction cardiaque, les métabolismes lipidique et glucidique et ainsi de suite. La testostérone – l’originale, j’entends – n’a pas de tels effets.

Q : Comment déterminez-vous le type d’administration chez un patient donné?

R : Au Canada, on a le choix entre la voie orale, l’application topique et l’injection. J’utilise les trois. Certains patients répondent mieux à une préparation qu’à l’autre – c’est assez variable, en fait. On doit aussi tenir compte de la préférence du patient. Certains hommes trouvent l’injection bien pratique parce qu’elle se donne seulement aux deux semaines. D’autres préfèrent prendre un comprimé alors que d’autres encore ne veulent pas prendre un comprimé deux fois par jour et trouvent le gel topique plus pratique. Le coût et le remboursement par les assurances peuvent aussi être des facteurs. La forme injectable est la moins coûteuse.

Q : Que faut-il surveiller?

R : On doit surveiller la glande prostatique, notamment en faisant un examen par toucher rectal, et en mesurant le taux d’antigène spécifique de la prostate [PSA]. On doit aussi évaluer le taux d’hémoglobine et l’hématocrite parce que, chez certains hommes, la testostérone stimule assez fortement les érythrocytes. Si l’hématocrite s’élève au-delà de la limite supérieure de la normale, on doit réduire la dose.

Q : Quand peut-on parler de réussite du traitement?

R : J’accorde une plus grande importance aux symptômes qu’aux tests sanguins. Les taux de testostérone varient selon le mode d’administration et le temps écoulé depuis la dernière dose. Q : Que sait-on du traitement à long terme par la testostérone et de son innocuité?

R : La testostérone exogène est utilisée depuis plus de 50 ans, surtout sous forme injectable, dans le traitement à long terme de l’hypogonadisme classique chez l’homme, et aucun problème n’a été signalé. On ne dispose toujours pas de données à long terme sur l’utilisation plus récente de la testostérone dans le traitement de l’hypogonadisme secondaire au vieillissement. Cela dit, les études à court terme sont prometteuses.

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