Comptes rendus

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Stratégies de traitement dans la leucémie lymphoïde chronique à cellules B

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

La 42e Assemblée annuelle de l’American Society of Clinical Oncology

Atlanta, Géorgie / 2-6 juin 2006

Les résultats partiels de CAM 307 présentés au congrès ont montré que l’alemtuzumab se comparait favorablement au chlorambucil dans le traitement standard de première intention de la leucémie lymphoïde chronique à cellules B (LLC-B). On a enregistré des taux de réponse globale (RG) et de réponse complète (RC) significativement plus élevés chez les patients qui recevaient l’anticorps monoclonal (AcM) que chez ceux qui recevaient le chlorambucil, et les signes de toxicité pouvaient être traités, fait valoir l’investigateur principal, le Dr Peter Hillmen, Leeds General Infirmary, Royaume-Uni.

«C’est la première étude à comparer l’alemtuzumab et la chimiothérapie standard dans le traitement de première intention, et nous sommes encouragés par les résultats que nous avons obtenus» précise-t-il. Outre les résultats généralement prometteurs de cette analyse partielle sur les plans de l’innocuité et de l’efficacité, l’alemtuzumab a autorisé des réponses impressionnantes chez des patients présentant des anomalies cytogénétiques de mauvais pronostic. «Chez ces patients dont le pronostic est sombre, la chimiothérapie traditionnelle est associée à des taux de réponse très faibles et à une survie de courte durée. Les bons résultats obtenus à ce jour donnent à penser que l’alemtuzumab pourrait représenter une nouvelle option thérapeutique plus efficace chez les patients souffrant de LLC dont le pronostic est sombre. Nous attendons les résultats finals de l’étude CAM 307 quant aux taux de réponse et à la survie dans cette population difficile à traiter», explique le Dr Hillmen.

Résultats partiels

L’étude réunissait 297 patients atteints de LLC-B jamais traitée au préalable qui étaient répartis dans 44 centres médicaux aux États-Unis et en Europe. Après randomisation, les patients recevaient l’alemtuzumab ou le chlorambucil. Le Dr Hillmen a rapporté les résultats d’une analyse partielle planifiée d’avance, laquelle a mis au jour un taux de RG de 83 % pour l’alemtuzumab vs 56 % pour le chlorambucil; de plus, le taux de RC était plus élevé de près de 30 % dans le groupe alemtuzumab, ce qui est significatif (p<0,0001); en effet, le taux de RC enregistré dans le groupe AcM était de 24 % vs 2 % dans le groupe chlorambucil (p<0,0001).

Sur le plan de l’innocuité, le chlorambucil est bien toléré par les patients qui n’ont jamais été traités, et cette analyse a montré que l’alemtuzumab était tout aussi bien toléré. Des effets indésirables liés au traitement et graves sont survenus chez 25 % des patients du groupe alemtuzumab et 6 % des patients du groupe chlorambucil. Les taux de thrombocytopénie, d’anémie et d’infections graves de classe 3 ou 4 étaient semblables dans les deux groupes. L’AcM a été associé à des taux plus élevés d’infection par le cytomégalovirus (CMV), de neutropénie et de leucopénie, par comparaison au chlorambucil; aucune différence significative n’a été signalée entre les deux groupes sur le plan de la neutropénie fébrile. Comme on s’y attendait, les effets indésirables liés au traitement les plus fréquents dans l’étude étaient la fièvre, les frissons, les nausées, l’hypotension et les vomissements. Les nausées et les vomissements étaient plus fréquents dans le groupe chlorambucil.

Chez les patients présentant des anomalies cytogénétiques caractéristiques de la LLC-B (délétions 13q, 11q et 17p), l’alemtuzumab a été associé à des taux de réponse élevés par rapport au chlorambucil. La délétion 13q est courante dans la LLC-B tandis que les délétions 11q et 17p sont de mauvais pronostic, explique le Dr Hillmen. Dans les cas où les délétions 13q et 11q avaient été confirmées, le taux de RG était significativement plus élevé. Chez les 22 patients présentant la délétion 17p, on a enregistré un taux de RG de 64 % dans le groupe alemtuzumab vs 20 % dans le groupe chlorambucil. Bien que le taux de RG ait été trois fois plus élevé dans le groupe AcM, le nombre de patients présentant la délétion 17p était trop faible pour que le seuil de signification statistique puisse être atteint.

Résultats encourageants

«Les taux de réponse obtenus dans cet essai représentent un progrès merveilleux au chapitre du traitement de la LLC de première intention», estime le Dr Kanti Rai, chef de l’hémato-oncologie, Long Island Jewish Medical Center, New Hyde Park, New York, et professeur titulaire, Albert Einstein College of Medicine, The Bronx.

«L’alemtuzumab est probablement aussi actif que la fludarabine lorsqu’il est administré en monothérapie dans la LLC», explique le Dr Michael Keating, service d’hématologie, professeur titulaire de médecine, M.D. Anderson Cancer Center, Houston, Texas, qui était le présentateur officiel de cet essai au congrès. «Nous avons beaucoup appris sur l’alemtuzumab. C’est l’agent qui, administré seul, est le plus actif dans les cas où la délétion 17p est confirmée, et il n’est pas aussi bon chez les patients dont les adénopathies sont très volumineuses. Et nous savons maintenant comment gérer le traitement prophylactique des infections. L’alemtuzumab jouera un rôle de premier plan dans le traitement de la LLC.»

Schéma d’intensité moindre

Comme le souligne l’investigateur principal, le Dr Raimundo Bezares, Hospital General de Agudos Dr. Teodoro Alvarez, Buenos Aires, Argentine, l’analyse partielle d’un essai de phase II a montré qu’un schéma d’intensité moindre à base d’alemtuzumab sous-cutané était faisable, qu’il avait permis des taux de réponse très élevés et que, en outre, il était bien toléré chez les patients porteurs d’une LLC-B récurrente/réfractaire.

Cet essai portait sur 36 patients âgés en moyenne de 67 ans (43 à 86 ans), dont 78 % étaient de sexe masculin. La LLC était récurrente chez 29 patients (81 %) et réfractaire chez sept patients (19 %).

La posologie du traitement est passée de 10 à 20 mg au cours de la première semaine, puis à 30 mg deux fois par semaine les semaines 2 et 3, puis à 30 mg une fois par semaine les semaines 4, 6, 8, 10, 12, 16, 20, 24, 28, 34 et 40. La durée médiane du traitement était de sept semaines (deux à 24 semaines). La dose cumulative médiane était de 412 mg (150 à 1080 mg). La prophylaxie antivirale par le triméthoprime/sulfaméthoxazole était administrée trois fois par semaine, et l’acyclovir était administré à raison de 200 mg trois fois par jour.

Réponse et résultats de la cytométrie en flux

Dans l’essai de phase II à groupe unique sur le schéma d’alemtuzumab d’intensité moindre, 32 des 36 patients étaient évaluables sur le plan de la réponse. Le taux de RG était de 93 % : le taux de RC confirmées se chiffrait à 34 % et le taux de RC non confirmées, à 6 %, tandis qu’une réponse partielle a été observée chez 53 % des patients.

Chez les sept patients dont la LLC-B était réfractaire (21 %), cinq patients ont eu une réponse partielle (15 %), un patient n’a eu aucune réponse (3 %), et un patient n’était pas évaluable (3 %). La survie globale chez tous les patients était de 83 % à 11 mois et la médiane de survie globale, de 10 mois. La survie globale était de 100 % chez les patients dont la maladie était récurrente et de 78 % chez ceux dont la maladie était réfractaire.

L’objectif du traitement est une RC et l’élimination de la maladie résiduelle minime. Chez cinq patients (15 %) ayant eu une RC, la cytométrie en flux a révélé la présence de <0,5 % de cellules de LLC dans trois cas, <5 % de cellules de LLC dans un cas et <10 % de cellules de LLC dans un cas.

Le schéma a été bien toléré. On a noté des infections de classe 3 ou 4 chez cinq patients (15 %), une granulocytopénie/thrombocytopénie de classe 3 chez deux patients, la réactivation du CMV chez un patient, et une infection fébrile par le virus d’Epstein-Barr chez un patient.

Résumé

Les études présentées au congrès de l’ASCO donnent à penser que l’alemtuzumab est un AcM qui pourrait être efficace dans le traitement de première intention de la LLC-B, car une analyse partielle du premier essai de phase III à comparer l’alemtuzumab avec le traitement standard par le chlorambucil a mis en évidence une amélioration directe des taux de réponse par l’alemtuzumab et une innocuité comparable. Une deuxième étude semble indiquer qu’un schéma d’alemtuzumab moins intensif administré par voie sous-cutanée pourrait être une option thérapeutique appropriée chez les patients dont la LLC est récurrente ou s’est révélée réfractaire aux traitements antérieurs.

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