Comptes rendus

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Vers une protection plus complète contre les infections à méningocoques

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - La 27e Assemblée annuelle de l’ESPID (European Society for Pediatric Infectious Diseases)

Bruxelles, Belgique / 9-13 juin 2009

L’infection à méningocoque est l’une des causes principales d’infections invasives et de la méningite à la grandeur de la planète. Les infections méningococciques sont endémiques dans la quasi-totalité des pays, mais leur épidémiologie change avec le temps et diffère selon la région géographique, la saison et le groupe d’âge. Au Canada, la méningococcie est aussi endémique; son incidence a atteint un maximum d’environ 1,6 pour 100 000 de population en 1992, pour ensuite chuter à 0,56 pour 100 000 de population en 2005 (Harrison et al. Vaccine 2009;27[suppl 2]:B51-B63). L’incidence est la plus élevée chez les nourrissons de moins de 1 an (8,7 cas pour 100 000) et les enfants de 1 à 4 ans (2,3 pour 100 000), puis elle chute jusqu’à l’adolescence et atteint un nouveau sommet chez les 15 à 19 ans (1,9 pour 100 000) (RMTC 2009;36[DCC-3]:1-40).

À l’échelle mondiale, cinq sérogroupes (A, B, C, W135 et Y) sont responsables de la majorité des infections méningococciques, mais ce sont les infections par les sérogroupes B et C qui prédominent. On a observé une baisse significative de l’incidence des infections à méningocoque C dans un grand nombre de pays, dont le Canada, après le lancement de campagnes de vaccination par des vaccins conjugués. Les sérogroupes A et W135 sont rares dans les pays industrialisés, mais l’incidence des infections à méningocoque du sérogroupe Y est en hausse depuis peu en Amérique du Nord.

Vaccins antiméningococciques conjugués

Dans un tour d’horizon des vaccins en développement, le Pr Andrew J. Pollard, professeur titulaire d’infectiologie et d’immunologie pédiatriques, et directeur de l’Oxford Vaccine Group, University of Oxford, Royaume-Uni, faisait remarquer que le vaccin antiméningococcique conjugué quadrivalent ACWY (MenACWY) offrent la possibilité d’une protection plus complète. À ce jour, un seul vaccin conjugué MenACWY (MenACWY-D), qui utilise la toxine diphtérique comme protéine transporteuse, est commercialisé au Canada pour les 2 à 55 ans.

Deux vaccins conjugués MenACWY innovants sont en développement : le MenACWY-CRM utilisant la protéine CRM197, toxine diphtérique mutante non toxique, comme protéine transporteuse; et le MenACWY-TT, conjugué à la toxine tétanique. Les deux se sont révélés immunogènes à tous les âges, y compris durant la petite enfance, lors d’essais cliniques. Lors d’un essai de phase III mené chez des adolescents, en fait la seule comparaison directe des deux vaccins conjugués, note le Pr Pollard, le vaccin MenACWY-CRM a généré une réponse immune plus robuste que le vaccin conjugué homologué contre les quatre sérogroupes (Jackson et al. CID 2009;49:e1-e10). La décision d’utiliser ces vaccins dépendra probablement de l’épidémiologie et du coût des infections méningococciques, bien que l’on doive également tenir compte des risques futurs, explique le Pr Pollard. Diverses stratégies pourraient être envisagées, par exemple le remplacement de MenC par MenACWY pour la primovaccination ou la dose de rappel. En outre, les groupes à risque élevé, comme les voyageurs, pourraient aussi bénéficier d’un vaccin MenACWY conjugué plutôt que d’un simple vaccin polysaccharidique. L’arrivée de ces vaccins nous permet assurément de mieux maîtriser les infections à méningocoque, note le Pr Pollard, mais nous avons besoin urgemment d’un vaccin contre les méningocoques du sérogroupe B pour parvenir à une maîtrise complète.

Nouvelles données sur MenACWY-CRM

Le vaccin MenACWY-CRM expérimental s’est révélé immunogène lorsqu’il était administré à de jeunes nourrissons selon un calendrier de primovaccination en deux ou trois doses. On observait toutefois un déclin du nombre d’anticorps protecteurs à 12 mois, malgré l’induction d’une mémoire immunitaire, ce qui donne à penser qu’une dose de rappel aurait sa raison d’être à l’âge de 12 mois (Perrett et al. Pediatr Infect Dis J 2009;28[3]:186-93). Le groupe du Pr Pollard avait déjà montré que la protection à long terme conférée par le maintien des anticorps après l’administration d’un vaccin polysaccharidique conjugué à une protéine semblait dépendre de la synthèse efficace de lymphocytes B mémoire et de plasmocytes pendant la primovaccination (Blanchard Rohner et al. J Immunol 2008;180[4]: 2165-73). Le groupe de chercheurs a aussi étudié la réponse des lymphocytes B mémoire chez 216 enfants en bonne santé qui recevaient le vaccin MenACWY-CRM à 2, 4 et 12 mois. À l’âge de 5 mois, après les deux premières doses de primovaccination, des lymphocytes B mémoire spécifiques de l’antigène méningococcique étaient décelables chez une faible proportion d’enfants, alors qu’après la dose de rappel, ils étaient décelables chez plus de 50 % des enfants, et les lymphocytes B mémoire étaient spécifiques de la protéine CRM<sub>197</sub> dans 95 % des cas. La réponse des lymphocytes B mémoire vis-à-vis de tous les antigènes différait de manière significative après la primovaccination et l’administration de la dose de rappel du vaccin (p<0,0001 entre 5 et 13 mois), mais les réponses des lymphocytes B mémoire à la primovaccination n’étaient aucunement corrélées l’une avec l’autre. Les anticorps maternels présents à l’âge de 2 mois n’ont exercé aucune influence sur la réponse des lymphocytes B mémoire à l’âge de 5 mois. Les chercheurs ont conclu que le déclin des anticorps après l’administration du vaccin polysaccharidique conjugué durant la petite enfance était peut-être lié au faible nombre de lymphocytes B mémoire induits chez certains nourrissons après la primovaccination. Ces données étayent l’importance d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois.

Il est ressorti d’une étude réalisée en Argentine dont il a été question au congrès que le vaccin MenACWY-CRM est bien toléré et qu’il est significativement plus immunogène chez les enfants âgés de 2 à 10 ans. Dans le cadre de cette étude de phase III multicentrique à double insu, 1500 enfants en bonne santé ont été randomisés de façon à recevoir soit le vaccin MenACWY-CRM, soit le vaccin polysaccharidique quadrivalent non conjugué actuellement commercialisé. Les deux vaccins ont été bien tolérés, et la plupart des réactions étaient d’intensité légère ou modérée.

Un mois après la vaccination, rapporte la Dre Silvia González Ayala, Service d’infectiologie, Hospital de Niños Sor María Ludovica, La Plata, le pourcentage d’enfants présentant un titre protecteur d’anticorps bactéricides selon le dosage de l’activité bactéricide du sérum avec le complément humain (hSBA) était significativement plus élevé dans le groupe MenACWY-CRM que dans le groupe vaccin non conjugué pour les sérogroupes A (93 % vs 53 %), C (82 % vs 52 %), W (74 % vs 46 %) et Y (82 % vs 63 %). Toujours un mois après la vaccination, en utilisant la méthode hSBA, les chercheurs ont constaté que le pourcentage de sujets présentant des titres d’anticorps bactéricides <u>></u>1:8 était significativement plus élevé dans le groupe MenACWY-CRM pour les sérogroupes A (95 % vs 55 %), C (88 % vs 70 %), W (99 % vs 73 %) et Y (89 % vs 66 %). Six mois après la vaccination, la persistance d’anticorps bactéricides contre tous les sérogroupes du vaccin MenACWY-CRM était évidente, mais le nombre de sujets dont le titre d’anticorps bactéricides demeurait ³1:8 contre les sérogroupes C, W et Y était significativement plus élevé dans le groupe MenACWY-CRM. Par rapport aux valeurs de départ, la moyenne géométrique des titres d’anticorps bactéricides (hSBA) avait augmenté de manière significative dans les deux groupes après un mois, mais elle était significativement plus élevée dans le groupe MenACWY-CRM pour l’ensemble des quatre sérogroupes (p<u><</u>0,004). À six mois, la moyenne géométrique des titres d’anticorps bactéricides (hSBA) avait diminué dans les deux groupes, mais elle demeurait plus élevée pour les sérogroupes C, W et Y chez les sujets du groupe MenACWY-CRM.

Nouveau vaccin rMenB

Dans les pays industrialisés, la majorité des infections méningococciques sont causées par des méningocoques du sérogroupe B, et la recherche d’un vaccin universel contre les infections endémiques par des souches polyclonales de méningocoques du sérogroupe B bat son plein.

Le Pr Pollard et l’Oxford Vaccine Group évaluent des vaccins recombinants expérimentaux contre les méningocoques du sérogroupe B (rMenB) utilisant ou non des vésicules de membrane externe (OMV) comme antigènes. Ils avaient déjà rapporté qu’après l’administration d’un vaccin rMenB+OMV selon un schéma à début précoce (2, 4, 6 et 12 mois) ou à début tardif (6, 8 et 12 mois), <u>></u>93 % des nourrissons présentaient des titres d’anticorps bactéricides (hSBA) <u>></u>1:4 contre trois souches de méningocoques B du vaccin menB (44/76-SL, NZ98/254 et 5/99) (Snape et al. 16e IPNC, 7-12 septembre 2008, Rotterdam, Pays-Bas). Les chercheurs se sont aussi penchés sur l’efficacité vaccinale contre une série d’autres souches de méningocoques lors de deux études de phase II. Dans le cadre d’une étude comparative ouverte, 147 nourrissons en bonne santé ont été randomisés de façon à recevoir le vaccin rMenB ou le vaccin rMenB+OMV à 2, 4, 6 et 12 mois ou encore, une seule dose du vaccin rMenB à 12 mois.

Dans l’autre étude, à simple insu, sur la vaccination à début tardif, 60 nourrissons en bonne santé ont été randomisés de façon à recevoir le vaccin rMenB ou le vaccin rMenB+OMV à 6, 8 et 12 mois. L’immunisation à l’aide du vaccin rMenB+OMV a généré des titres d’anticorps bactéricides (hSBA) <u>></u>1:4 chez <u>></u>70 % des nourrissons vaccinés précocement vis-à-vis de cinq souches porteuses d’antigènes homologues ou étroitement apparentés et chez <u>></u>70 % des nourrissons vaccinés tardivement vis-à-vis de six souches. L’immunisation à l’aide du vaccin rMenB seul a généré des titres d’anticorps bactéricides (hSBA) <u>></u>1:4 chez <u>></u>70 % des participants vis-à-vis de seulement trois des souches évaluées. Ces études ont confirmé la possibilité d’une prévention plus efficace des infections méningococciques à l’aide du vaccin rMenB+OMV, conclut le Pr Pollard. Le vaccin rMenB+OMV fait actuellement l’objet d’essais cliniques de phase III.

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