Comptes rendus

Optimisation du traitement des maladies inflammatoires de l’intestin par un agent biologique
À l’horizon, de nouvelles options de traitement hypocholestérolémiant dans les cas où les statines ne suffisent pas à la tâche

Diminution remarquable de l’incidence du cancer du col grâce au nouveau vaccin anti-VPH 9-valent

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 29e Conférence internationale sur le virus du papillome humain (VPH 2014)

Seattle, Washington / 21-25 août 2014

 

Rédactrice médicale en chef : Dre Léna Coïc, Montréal, Québec

 

«Il y a un énorme réservoir de VPH dans le monde», affirme le Dr Xavier Bosch, chef de l’épidémiologie et des registres en oncologie, Institut Català d’Oncologia, Barcelone, Espagne. De toutes les maladies causées par le VPH, «le cancer du col utérin vient au premier rang», ajoute-t-il. Les principaux types de VPH à l’origine du cancer du col varient légèrement dans le monde, mais environ 70 % des cancers du col sont causés par les types oncogènes à risque élevé 16 et 18, alors qu’environ 20 % sont causés par les types 31, 33, 45, 52 et 58.

 

«Ces 5 autres types de VPH seraient responsables annuellement de 100 000 cas de cancer du col», fait valoir le Dr Bosch. Concernant les éventuelles retombées du nouveau vaccin 9-valent, le Dr Bosch explique que les 9 types vaccinaux sont à eux seuls responsables d’environ 90 % des cancers du col dans le monde, ce qui voudrait dire que le vaccin 9-valent conférerait une protection supplémentaire d’environ 20 % contre le cancer du col par rapport aux vaccins ciblant uniquement les types 16 et 18.

 

Les 5 autres types de VPH protègent aussi contre d’autres formes de cancer, cette protection variant de 15 % pour les cancers de la vulve et du vagin à environ 5 % pour le cancer anal. Selon les calculs du Dr Bosch, le vaccin 9-valent conférerait une protection supplémentaire de 30 % contre les dysplasies cervicales de grade 2 et 3 (CIN2 et CIN3), et d’environ 20 % contre les CIN1. L’administration du vaccin 9-valent ciblant les types 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58 à une cohorte jamais vaccinée dans le cadre d’un programme de vaccination sans égard au sexe serait donc associée à une réduction à vie du risque de cancer du col de 90 %, de cancer lié au VPH, tous types confondus chez l’homme et la femme, de 77 %, de dysplasie cervicale de grade élevé de 80 %, et de verrue génitale (VG) chez l’homme et la femme de 90 %.

 

«Le vaccin 9-valent devrait de plus être d’efficacité comparable dans toutes les régions du globe malgré la variabilité des types de VPH dans certains pays», poursuit le Dr Bosch.

 

Résultats de l’essai du vaccin V503

 

Dans l’essai pivot de phase III, plus de 14 000 jeunes femmes de 16 à 26 ans ont été randomisées de façon à recevoir le vaccin quadrivalent ou le nouveau vaccin anti-VPH 9-valent (V503). Les sujets ont été suivis pendant 1 an. Comme le précise le Dr Elmar Joura, professeur agrégé d’obstétrique et de gynécologie, École de médecine de Vienne, Autriche, l’étude a pris la forme d’un essai de non-infériorité visant à prouver l’équivalence potentielle du vaccin quadrivalent et du vaccin 9-valent. À 7 mois, après l’administration des 3 doses de chaque vaccin, les moyennes géométriques des titres d’anticorps contre les types 6, 11, 16 et 18 du VPH étaient quasi identiques dans les deux groupes.

 

Le vaccin 9-valent a aussi diminué de 97 % l’incidence combinée des lésions vaginales, vulvaires et cervicales de haut grade imputables aux types 31, 33, 45, 52 et 58 du VPH. Une protection d’ampleur similaire a été observée contre l’incidence combinée des lésions vaginales, vulvaires et cervicales tous grades confondus causées par les 5 mêmes types du VPH et, à 6 mois, le vaccin était efficace à 96 % contre les infections à VPH persistantes.

 

«Les résultats étaient très homogènes», poursuit le Dr Joura. De plus, on a observé une diminution de 97 % des besoins de biopsie pour les lésions causées par les 5 types de VPH et une diminution de 87,5 % des traitements à visée curative. «Le vaccin est doté d’un bon profil d’innocuité puisque les sujets de l’étude l’ont très bien toléré», ajoute le Dr Joura.

 

Deux vs trois doses

 

Plusieurs conférenciers ont discuté de la possibilité d’autres schémas, notamment le schéma à seulement 2 doses administrées à 6 mois d’intervalle chez les 9 à 14 ans, en remplacement du schéma à 3 doses actuellement recommandé. Cette discussion découle en partie des inquiétudes liées au coût ainsi que de la piètre couverture du vaccin anti-VPH dans des pays comme les États-Unis où seulement environ le tiers des filles et le cinquième des garçons ont reçu les 3 doses du vaccin. Selon des données d’immunogénicité, le schéma à 2 doses pourrait être non inférieur au schéma à 3 doses, à tout le moins chez les jeunes filles.

 

Chez les jeunes filles qui avaient reçu 2 doses du vaccin anti-VPH à 6 mois d’intervalle, comme l’ont souligné Dobson et al. (JAMA 2012:309:1793-802), la réponse anticorps aux souches vaccinales des types 16 et 18 du VPH 1 mois après la dernière dose était non inférieure à celle de jeunes femmes qui avaient reçu les 3 doses du vaccin en l’espace de 6 mois. Cela dit, précisent les auteurs, comme le schéma à 2 doses a été associé à une perte de non-infériorité pour certains génotypes après 24 à 36 mois, il nous faut d’autres données sur la durée de la protection avant de pouvoir recommander une diminution du nombre de doses. Qui plus est, nous n’avons pas pour l’instant de données à l’appui de l’efficacité clinique du schéma à 2 doses.

 

L’Organisation mondiale de la Santé a récemment recommandé le schéma à 2 doses administrées à 6 mois d’intervalles chez les jeunes filles de moins de 15 ans.

 

Changement rapide et remarquable

 

Il n’y a pas de meilleur exemple que l’expérience australienne pour illustrer le changement rapide et remarquable de la prévalence des lésions associées au VPH en réponse au vaccin quadrivalent. Six ans après le début du programme de vaccination anti-VPH en Australie, explique la Dre Julie Brotherton, National HPV Vaccination Program Register, Australie, «nous avons détecté une diminution substantielle des lésions causées par les génotypes vaccinaux du VPH chez les femmes vaccinées de même qu’une diminution de la prévalence des lésions causées par les types vaccinaux chez les femmes non vaccinées – ce qui témoigne d’une immunité collective – et une possible protection croisée».

 

Des chercheurs australiens sous la direction de Smith et al. ont aussi fait état d’un «déclin marqué» des hospitalisations liées à un diagnostic de VG chez des jeunes après le début du programme de vaccination anti-VPH en 2007. Ici, au Canada, le Dr Marc Steben, Institut national de santé publique du Québec, Montréal, et ses collègues font état d’une diminution significative de l’incidence des VG de 45 % chez les femmes de moins de 20 ans et de 19 % chez les femmes de 20 à 24 ans (p<0,0001) depuis l’introduction du vaccin anti-VPH quadrivalent dans le cadre d’un programme public de vaccination en septembre 2008.

 

Un déclin moindre – mais tout de même significatif – de 21 % de l’incidence des VG a aussi été démontré chez les hommes de moins de 20 ans durant le même intervalle. Comme l’ont souligné des chercheurs du Manitoba, l’incidence des VG est en hausse chez les hommes de la province, surtout en milieu urbain, ce qui donne tout lieu de croire que des programmes de vaccination anti-VPH ciblant les garçons pourraient être nécessaires pour alléger le fardeau des lésions liées au VPH chez les hommes.

 

Les cancers liés au VPH sont effectivement fréquents chez les hommes, tant aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde, affirme le Dr Joel Palefsky, professeur titulaire de médecine, University of California, San Francisco. Par contre, contrairement au cancer du col, l’infection à VPH précoce ne fait l’objet d’aucun programme de dépistage chez l’homme. «Nous n’avons d’autre choix que de nous rabattre sur la prévention primaire», poursuit le Dr Palefsky. Il a déjà été démontré que le vaccin quadrivalent protégeait les hommes contre l’infection anogénitale et les lésions anales précancéreuses.

 

«Fort heureusement, ce vaccin aurait de très importantes retombées sur ces cancers chez l’homme parce qu’une forte proportion de ces cancers sont associés au type 16 du VPH, fait remarquer le Dr Palefsky. La meilleure façon, à mon avis, d’alléger le fardeau des cancers masculins est de faire des pieds et des mains pour instaurer un programme de vaccination ciblant les garçons.»

 

Au Canada, à l’heure actuelle, seule l’Île-du-Prince-Édouard offre un programme scolaire de vaccination anti-VPH aux garçons. Cela dit, l’Alberta est sur le point de lancer un programme similaire, le public étant de plus en plus ouvert à l’idée de vacciner les garçons contre le VPH.

Seattle - À l’échelle de la planète, le virus du papillome humain (VPH) entraîne chaque année plus de 600 000 cas de cancer chez l’homme et la femme, le cancer du col utérin étant de très loin le plus fréquent. Il est maintenant possible de prévenir environ 70 % de tous les cas de cancer du col par la vaccination contre le VPH de type 16 et 18. Cependant, au moins 20 % des cas de cancer du col sont liés à 5 autres types, soit les types 31, 33, 45, 52 et 58 du VPH. Un nouveau vaccin anti-VPH 9-valent mis à l’épreuve chez de jeunes femmes s’est révélé non inférieur au vaccin quadrivalent contre les quatre souches vaccinales communes aux deux vaccins. En outre, le vaccin anti-VPH 9-valent confère une forte protection contre les lésions découlant des 5 autres types de VPH. Le débat se poursuit quant à l’éventuelle efficacité d’un schéma à 2 doses en remplacement du schéma à 3 doses actuellement recommandé. Pour l’instant, les retombées d’une vaste couverture du vaccin quadrivalent sont déjà bien documentées en Australie et ailleurs. Pour prévenir les lésions associées au VPH chez l’homme, la meilleure politique est la vaccination universelle sans égard au sexe, s’entendent les experts; quelques provinces s’y sont mises, conscientes de la nécessité de protéger à la fois les hommes et les femmes contre les lésions imputables au VPH.

 

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