Comptes rendus

Obtention d’une charge virale indécelable dans le traitement de l’infection à VIH
Traitement efficace des infections par Escherichia coli et d’autres souches résistantes

Diminuer le fardeau de morbidité imputable au zona

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

La 45e Assemblée annuelle de l’Infectious Diseases Society of America

San Diego, Californie / 4-7 octobre 2007

On estime à environ 556 200 le nombre annuel d’épisodes de zona chez les personnes de ³60 ans aux États-Unis. Environ 69 600 cas de névralgies postzostériennes (NPZ) d’une durée supérieure à 90 jours, la conséquence la plus grave d’une infection par le virus varicelle-zona (VVZ), surviennent annuellement dans le même groupe d’âge. Le traitement antiviral peut raccourcir la durée du zona et en réduire la sévérité, mais même la mise en route précoce du traitement antiviral ne prévient pas les NPZ, précise le Dr Michael Oxman, professeur titulaire de médecine et de pathologie, University of California, San Diego. «Les traitements à notre disposition pour les NPZ ne sont pas très satisfaisants et sont particulièrement difficiles à utiliser chez les patients âgés», ajoute-t-il.

Résultats de l’étude SPS

Il n’est donc pas difficile de prouver irréfutablement que la prévention du zona et de ses complications aurait d’importantes retombées sur la santé des personnes âgées. En effet, les résultats de l’étude SPS (Shingles Prevention Study) étayent solidement le bénéfice de la vaccination des adultes de ³60 ans, chez qui le vaccin est actuellement recommandé.

Les résultats de l’étude SPS – qui ont été passés en revue par le Dr Oxman – ont montré que le vaccin allégeait le fardeau de morbidité de 61,1 % chez tous les participants, par comparaison à un placebo. Le fardeau de morbidité était un paramètre composite qui regroupait l’incidence, la sévérité et la durée de la totalité des douleurs et des malaises causés par le zona. L’efficacité du vaccin était très semblable dans le sous-groupe des 60 à 69 ans, une dose unique du vaccin ayant allégé le fardeau de morbidité de 65,5 % par rapport au placebo. Chez les participants de ³70 ans, le vaccin a diminué le fardeau de morbidité de 55,4 %, toujours par rapport au placebo. Fait peut-être encore plus important, «le vaccin a dépassé nos attentes les plus optimistes» pour ce qui est de réduire l’incidence des NPZ, d’enchaîner le Dr Oxman. Par ailleurs, son efficacité ne diminue pas avec l’âge, l’incidence des NPZ ayant baissé de 66,5 % au sein de la cohorte globale, de 65,7 % dans le groupe des 60 à 69 ans et de 66,8 % dans le groupe des ³70 ans, fait-il remarquer.

Les chercheurs ont aussi analysé l’effet du vaccin chez les personnes dont le score de sévérité de la maladie était supérieur à 600 – ce qui revient à «plus de 60 jours de la pire douleur imaginable», indique le Dr Oxman – et chez celles dont le score était supérieur à 800, «soit 80 jours de la pire douleur imaginable». Chez tous les patients, peu importe l’âge, le vaccin a atténué la maladie la plus sévère de >80 %, et on a observé une tendance vers une sévérité moindre de l’infection par le VVZ chez les sujets vaccinés qui ont tout de même eu un épisode. L’incidence des effets indésirables graves était la même chez les sujets vaccinés que chez les témoins sous placebo, et le vaccin a été bien toléré.

Sur la foi des résultats de l’étude SPS, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a homologué le vaccin contre le zona pour utilisation chez les adultes de ³60 ans. L’Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP) y est ensuite allé d’une recommandation du vaccin, que les adultes aient déjà manifesté ou non un épisode de zona. Il est bien établi qu’un épisode de zona stimule l’immunité contre une infection subséquente. Cependant, souligne le Dr Oxman, «nous ne savons pas combien de temps dure cette protection ni à quel moment les patients redeviennent vulnérables à l’infection par le VVZ». L’ACIP estime donc que les patients doivent être protégés contre la réactivation du VVZ, sans égard à leurs antécédents d’infection.

Couverture vaccinale étendue

En extrapolant les résultats de l’étude SPS, les chercheurs ont calculé que la vaccination de toutes les personnes de ³60 ans vivant aux États-Unis permettrait de prévenir 283 700 cas de zona et 46 400 cas de NPZ d’une durée >90 jours. Il ne faut toutefois pas en conclure que le zona et les NPZ seraient enrayés pour autant, prévient le Dr Oxman. Cela dit, comme en témoignent ces seules statistiques, les retombées d’une importante couverture du vaccin contre le zona sur la santé publique sont évidentes.

Le Dr Oxman s’est penché également sur la façon, pour les médecins, de tirer parti des bénéfices inhérents à la vaccination de leurs patients âgés contre le zona. Les tenants de la vaccination répètent à qui veut bien les entendre que chaque visite ou presque devrait être perçue comme une occasion de vacciner les patients contre les infections évitables. Prenons par exemple le vaccin antigrippal, qui est recommandé universellement chez les adultes d’un certain âge. Le Dr Oxman suggère de donner le vaccin antigrippal dans un bras et le vaccin anti-zona dans l’autre, sachant que la réponse immunitaire aux deux vaccins sera aussi robuste que si les deux vaccins avaient été administrés à quatre semaines d’intervalle et que les effets indésirables ne s’en trouveront pas accentués. Les médecins pourraient en outre envisager de vacciner leurs patients avant toute intervention immunosuppressive, la probabilité d’une réactivation du VVZ étant alors très élevée. En parallèle, «la possibilité de transmission du virus vaccinal à d’autres personnes est essentiellement inexistante», d’affirmer le Dr Oxman sur un ton rassurant.

Dans une étude distincte, le Dr Myron Levin, professeur titulaire de pédiatrie et de médecine, University of Colorado Health Sciences Center, Denver, et ses collaborateurs ont démontré que les douleurs et les malaises attribuables au zona sont ressentis de façon aussi aiguë chez les patients de 21 à 59 ans que chez les patients de ³60 ans. Les chercheurs ont évalué les retombées du zona sur le score de la douleur au questionnaire validé ZBPI (Zoster Brief Pain Inventory) de même que ses retombées sur les activités de la vie quotidienne (AVQ) en fonction de l’âge.

Au cours de la semaine qui a suivi l’apparition du zona, le score moyen de la douleur chez les patients de 21 à 59 ans – qui était de 6,4 – était identique au score observé chez les patients de ³60 ans. L’impact de la maladie sur les AVQ était aussi presque identique dans les deux groupes d’âge : 3,7 pour les plus jeunes et 3,8 pour ceux de ³60 ans. L’étude a révélé que le pourcentage de patients qui avaient rapporté une douleur notable six semaines après l’apparition de l’éruption cutanée augmentait avec l’âge, ce pourcentage ayant été de 8 % dans le groupe 21-49 ans, de 16 % dans le groupe 50-59 ans et de 22 % dans le groupe ³60 ans. De plus, l’immunité cellulaire initiale contre le VVZ était moins marquée chez les adultes âgés que chez les plus jeunes, mais la stimulation de l’immunité découlant de l’épisode de zona en tant que tel a été «substantielle» dans tous les groupes d’âge.

«Cette maladie embête autant les jeunes que les moins jeunes, et c’est pourquoi nous devrions peut-être envisager de recommander ce vaccin dès l’âge de 50 ans, d’autant plus que de nombreuses personnes de cet âge travaillent encore», de conclure le Dr Levin.

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