Comptes rendus

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Immunisation chez l’adulte : saisir toutes les occasions

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

La 8e Conférence canadienne sur l’immunisation

Toronto, Ontario / 30 novembre-3 décembre 2008

Les médecins devraient s’assurer, lors de chaque consultation, que la couverture vaccinale de leurs patients adultes est à jour, affirme la Dre Allison McGeer, professeure titulaire de médecine de laboratoire et de pathobiologie, University of Toronto, et ardent défenseur de l’immunisation chez l’adulte. Et la liste à tenir à jour s’allonge au fur et à mesure de la mise en marché de nouveaux vaccins.

Sont actuellement inscrits au calendrier de vaccination de l’adulte des doses de rappel pour le tétanos et la diphtérie; le vaccin acellulaire contre la coqueluche; le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) pour les adultes nés après 1970; le vaccin antivaricelleux pour les adultes non immunisés; le vaccin antigrippal annuel; et, enfin, le vaccin antipneumococcique polysaccharidique pour les adultes de plus de 65 ans. Par ailleurs, le vaccin contre le virus du papillome humain peut être inoculé aux femmes de 26 ans ou moins, le vaccin antiméningococcique peut être proposé aux étudiants, surtout ceux qui vivent en résidence, et la vaccination anti-zona devrait être envisagée chez les adultes de 60 ans ou plus.

Un examen de la feuille de route du Canada en matière d’immunisation de routine chez l’adulte révèle des lacunes appréciables. Selon une enquête sur le sujet réalisée en 2006 par le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), la couverture antigrippale est demeurée relativement constante depuis la première enquête du genre, en 2001, soit environ 38 % des adultes atteints de maladies chroniques, 64 % des travailleurs de la santé et 70 % des personnes de plus de 65 ans. La couverture antipneumococcique s’est elle aussi maintenue pendant la même période, soit environ 42 % des personnes âgées et 17 % des adultes souffrant de maladies chroniques. Selon les données encore préliminaires de la mise à jour de l’enquête du CCNI sur l’immunisation de l’adulte, les taux de vaccination actuels seraient très similaires. «Nous demeurons en deçà des objectifs nationaux chez les adultes atteints de maladies chroniques», font observer les auteurs de l’enquête.

Les médecins doivent, estime la Dre McGeer, se donner une sorte de système pour garder à jour la couverture vaccinale de leurs patients adultes. En fait, souligne-t-elle, c’est exactement grâce à un système du genre que les programmes d’immunisation chez l’enfant sont si efficaces. «Ces programmes fonctionnent, parce qu’ils s’inscrivent dans la prise en charge habituelle des patients, fait observer la Dre McGeer. Les médecins savent qu’il faut administrer des vaccins aux nourrissons à des moments précis; c’est donc prévu à l’horaire, ils recommandent les vaccins aux parents et les parents savent que ces vaccins doivent être administrés. Tous les rouages du système sont en place.»

Promotion de l’immunisation chez l’adulte

Il n’existe pas de système comparable pour la population adulte. «Les adultes ne demandent pas et ne s’attendent pas à être vaccinés. En outre, le processus risque d’être plus compliqué chez l’adulte, car la personne doit connaître ses antécédents vaccinaux, on doit discuter avec elle de son mode de vie, de son travail et d’un tas d’autres questions lorsqu’elle consulte pour d’autres problèmes», explique-t-elle. Qui plus est, comme la vaccination de l’enfant relève essentiellement de la santé publique dans bien des provinces, nombreux sont les médecins qui n’administrent même pas de vaccins aux enfants. Or, il en va autrement chez l’adulte. Les programmes en place pour les enfants pourraient être adaptés à une clientèle adulte, avance la Dre McGeer, mais le processus exigerait «une réflexion approfondie et beaucoup d’organisation».

Par ailleurs, certaines populations, très mal protégées contre de nombreuses maladies contagieuses, méritent une attention particulière. Ainsi, une étude a révélé que plus du tiers des nouveaux arrivants, qu’ils soient immigrants ou réfugiés, n’étaient pas immunisés contre la rougeole, les oreillons ou la rubéole, dont des femmes en âge de procréer, chez lesquelles ces infections sont particulièrement dangereuses (Greenaway et al. Ann Intern Med 2007;146[1]:20-4). Comme le font remarquer les auteurs de cette étude, ces immigrants pourraient ramener, à leur insu, la rougeole, les oreillons ou la rubéole dans leurs bagages après avoir rendu visite à des amis ou à des parents vivant dans des territoires où ces infections sont encore endémiques, ce qui augmenterait le risque de contagion. Voilà pourquoi il est si important de mettre à jour la couverture vaccinale, en particulier chez les personnes nées à l’étranger, concluent les chercheurs.

Soulignant que les jeunes immigrants n’étaient pas immunisés contre la varicelle, les auteurs d’une autre étude estiment qu’une campagne de vaccination contre cette infection serait à la fois bénéfique, pour ces nouveaux arrivants en particulier, et efficiente (Merrett et al. Clin Infect Dis 2007;44[8]:1040-8).

Souvent, les adultes ne savent pas qu’ils devraient se faire vacciner et ne mesurent probablement pas l’étendue de la protection que confère la vaccination. Depuis quelques années, les responsables de la santé publique ne ménagent pas leurs efforts pour faire prendre conscience à la population des ravages que peut faire la grippe chez les personnes âgées, mais bon nombre d’entre elles ne réalisent pas qu’elles doivent se faire vacciner chaque année, ou encore prennent la grippe à la légère. Au Québec, seulement 65 % des personnes âgées se sont fait vacciner contre la grippe pendant la saison 2005-2006. Par ailleurs, des chercheurs ont fait état récemment d’une baisse de plus de 50 % du risque d’infarctus du myocarde deux ans environ après l’inoculation du vaccin antipneumococcique à des adultes par rapport à des sujets non vaccinés (Lamontagne et al. CMAJ 2008;179[8]:773-7). Or, moins de la moitié des personnes âgées admissibles du Québec ont reçu le vaccin antipneumococcique en 2005-2006. Ajoutons que la vaccination antipneumococcique diminue de près de 40 % le risque de mortalité et d’admission aux soins intensifs en raison d’une pneumonie extra-hospitalière (PEH), et ce, même si le vaccin ne prévient pas la PEH, selon une autre étude (Johnstone et al. Arch Intern Med 2007;167[18]:1938-43).

En ce qui concerne les adultes diabétiques, le diabète de type 1 et 2 augmente de 25 à 75 % le risque relatif d’hospitalisation pour cause de pneumonie, ont constaté des chercheurs. Raison de plus, donc, pour s’assurer que les personnes âgées atteintes de diabète reçoivent non seulement le vaccin antipneumococcique, mais également leur vaccin antigrippal annuel (Kornum et al. Diabetes Care 2008;31[8]:1541-5).

«Si un patient ne consulte qu’en cas de crise, il est fort possible que l’occasion de lui administrer ses vaccins ne se représente pas, alors il est important de prendre l’habitude de proposer la vaccination, fait valoir la Dre McGeer. Lorsqu’on recommande un vaccin, le taux de vaccination monte en flèche; la recommandation d’un médecin vaut donc son pesant d’or.»

Les infections, cause importante de morbidité

Dans une déclaration récente, la Société québécoise de gériatrie rappelle que les maladies infectieuses constituent une importante cause de morbidité et de mortalité dans la population âgée. L’incidence et la sévérité des infections augmentent toutes les deux avec l’âge, tout comme le risque d’infections nosocomiales. Les méta-analyses de nombreuses études indiquent que le vaccin antigrippal prévient 56 % des maladies respiratoires chez les sujets âgés, la moitié des hospitalisations pour cause de pneumonie et 68 % des décès provoqués par ces infections.

Bien que le vaccin ne puisse mettre complètement à l’abri de la grippe l’ensemble des résidents des centres de soins de longue durée, il préviendra l’hospitalisation et la pneumonie dans 50 à 60 % des épisodes, et le décès dans 85 à 90 % des épisodes, affirme la Société. Ce même organisme fait en outre remarquer que les infections pneumococciques sont les maladies infectieuses qui entraînent le plus de décès passé 70 ans. Peu importe l’antibiothérapie qu’on leur oppose, les pneumococcies invasives sont associées à un taux de mortalité élevé. Le vaccin antipneumococcique n’est pas une panacée, certes, mais son efficacité en prévention de la pneumococcie envahissante du sujet âgé oscille entre 55 et 80 %.

«Les professionnels de la santé ont un rôle crucial à jouer dans la prévention des maladies infectieuses par la vaccination, déclare la Société. Des études ont démontré que les professionnels de la santé constituaient les principales sources d’information en matière de vaccination, surtout chez les patients de 65 ans ou plus, et que la recommandation d’un professionnel de la santé était le facteur qui pesait le plus lourd dans la balance lorsque venait le moment d’accepter ou de refuser la vaccination. Bien que la réponse immunitaire à la vaccination soit plus timide [chez le sujet âgé] que chez l’enfant, la prévention et l’atténuation des répercussions cliniques [d’une infection] sont des avantages non négligeables qui devraient constituer les objectifs de l’immunisation dans la population âgée.»

Allocutions d’intérêt connexe également présentées au congrès :

Plénière V. «Efficacité des vaccins - faits relatifs à l’incidence». P. De Wals.

P104. «The State of Adult Vaccination in Ontario: A Focused Multisectional Consultation». B. Pakes, S. Wilson, A. McGeer.

P74. «2006 Adult National Immunization Coverage Survey». A.M. Frescura, L. Belzak.

P94. «Exploring Barriers to Immunization Using a Population Health Approach». S. MacDonald, C.V. Newburn-Cook, M. Allen.

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