Comptes rendus

par le Comité consultatif national de l’immunisation
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Infection invasive à méningocoque : regard sur le nouveau vaccin contre le méningocoque de sérogroupe B

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 10e Conférence canadienne sur l’immunisation

Vancouver, C.-B. / 3-5 décembre 2012

Vancouver - Chaque année au Canada, environ 200 personnes souffrent d’une infection invasive à méningocoque (IIM), et environ la moitié d’entre elles sont des enfants. La mortalité par IIM est demeurée pratiquement inchangée depuis les années 1950 (taux de létalité de 5 à 10 %). De plus, les IIM entraînent des séquelles importantes à long terme chez environ 20 % des patients. Il existe des vaccins antiméningococciques contre la plupart des sérogroupes, mais pas encore contre le méningocoque de sérogroupe B (menB). On s’attend toutefois à ce qu’un candidat-vaccin multicomposants contre le menB puisse conférer une protection contre la majorité des souches B circulantes au Canada. À en juger par les résultats du programme de développement clinique, ce candidat-vaccin novateur est immunogène chez les nourrissons, les enfants, les adolescents et les adultes, et possède un profil de réactogénicité acceptable. De plus en plus de données indiquent que ce vaccin sera bien accepté des parents. À l’aide de données concluantes, des chercheurs ont préparé un document dans lequel ils abordent diverses lacunes dans les connaissances sur l’infection à menB afin de faire le pont avec les recommandations de vaccination antiméningococcique B.

Dans une étude où ils se sont penchés sur l’issue clinique d’infections invasives à méningocoque (IIM) survenues entre 2002 et 2010 chez 851 enfants et adultes au Canada, Sadarangani et ses collaborateurs ont calculé que le taux de mortalité était de 4 % chez les enfants et de 12 % chez les adultes (résumé P008). Le taux de séquelles s’élevait à 21 % chez les enfants et à 15 % chez les adultes. Cependant, chez les enfants de <1 an, quelque 75 % des séquelles étaient neurologiques, ce qui est beaucoup plus élevé que dans les autres groupes d’âge. La survenue d’un choc était de loin le plus grand facteur de risque de mortalité au sein de la cohorte canadienne, le risque relatif approché (OR) ayant atteint 25 par rapport à l’absence de choc.

Le choc et les convulsions étaient les facteurs de risque de séquelles les plus importants. Par contre, l’admission à l’unité des soins intensifs conférait une protection. «Lorsqu’elle frappe, la méningite est extrêmement soudaine et imprévisible; elle peut tuer en 24 à 48 heures», affirme le Dr Tajdin Jadavji, professeur titulaire de microbiologie, d’immunologie, d’infectiologie et de pédiatrie, University of Calgary, Alberta. Des titres élevés d’anticorps circulants sont donc essentiels, car le système immunitaire peut alors réagir rapidement à l’envahisseur. Lorsque le vaccin conjugué contre le méningocoque de sérogroupe C – d’efficacité démontrée – a été introduit, la couverture élevée a diminué radicalement le fardeau de l’infection à méningocoque C au Canada, au point où, dans certaines provinces, le méningocoque C ne cause pratiquement plus d’IIM depuis quelques années.

Évaluation du programme IMPACT

L’épidémiologie des cinq principaux sérogroupes à l’origine des IIM est imprévisible et varie non seulement d’une région à l’autre, mais aussi au fil du temps. Les chercheurs d’IMPACT, qui ont évalué la distribution des IIM de sérogroupe B entre 2002 et 2009, ont constaté que c’est au Québec qu’elles étaient les plus fréquentes (73 %) et en Colombie-Britannique qu’elles étaient les moins fréquentes (39 %). Comme la Dre Julie Bettinger, professeure adjointe, Vaccine Evaluation Center, Maladies infectieuses et immunitaires, University of British Columbia, Vancouver, l’a souligné dans une communication présentée au congrès, les chercheurs d’IMPACT ont tenté de déterminer l’étendue de la protection qu’aurait conférée le nouveau vaccin antiméningococcique multicomposants (4CMenB) contre les souches circulantes du méningocoque de sérogroupe B (menB).

De 2006 à 2009, «la couverture de toutes les souches du vaccin 4CMenB [aurait été] de 66 % pour le Canada dans son ensemble, avec un maximum de 72 % en 2006 et un minimum de 58 % en 2008», précise-t-elle. Là encore, cependant, l’étendue de la protection que le nouveau vaccin aurait conférée contre les IIM de sérogroupe B variait d’une région à l’autre du pays. La majorité des isolats de menB des Prairies, de l’Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador auraient été couverts par le vaccin; pour ces provinces, donc, le vaccin semble prometteur», poursuit la Dre Bettinger. Cela dit, «il faut vraiment étudier de près l’épidémiologie des IIM dans chaque province, car il y a des variations régionales, et c’est à chaque province de voir dans quelle mesure le vaccin sera efficace dans son territoire», ajoute-t-elle.

Programme de développement clinique

Le programme de développement clinique du vaccin 4CMenB regroupait 12 études et plus de 7000 sujets de 2 mois ou plus. Chez les nourrissons, les titres d’anticorps observés après la primo-vaccination et les doses de rappel étaient protecteurs contre les quatre composants vaccinaux chez 84 à 100 % des sujets et 95 à 100 % des sujets, respectivement. Chez les adolescents de 11 à 18 ans, le 4CMenB a donné lieu à des titres protecteurs contre tous les composants du vaccin chez pratiquement 100 % des sujets.

«Aucune interférence immunologique cliniquement pertinente n’a été observée lorsque le 4CMenB était administré en concomitance avec d’autres vaccins de routine», explique le Dr Marc Lebel, professeur titulaire de médecine, Université de Montréal, Québec. À 40 mois, 88 à 100 % des jeunes enfants avaient des titres bactéricides séroprotecteurs ≥4 à l’égard de chacun des quatre composants du vaccin. Une poussée de fièvre est survenue dans un délai d’environ 6 heures suivant l’administration du 4CMenB seul ou en concomitance avec des vaccins de l’enfance, enchaîne-t-il.

L’utilisation prophylactique d’acétaminophène au moment de la vaccination a diminué le risque de fièvre de moitié. De plus, lorsqu’on explique aux parents qu’une poussée de fièvre peut survenir, ils savent à quoi s’attendre et ça ne semble pas être un problème dans la pratique», ajoute le Dr Lebel.

Acceptation par les parents

On s’attend à ce que l’acceptation du nouveau vaccin contre le menB soulève des discussions avec les parents. Cela dit, à en juger par l’analyse intermédiaire d’une étude menée par William Fisher, PhD, professeur titulaire de psychologie, University of Western Ontario, London (cyberaffiche P019), le vaccin sera bien accepté. Les parents de nourrissons de 2 à 6 mois (n=115) qui se présentaient pour le suivi usuel du bébé ont été interviewés avant et après une conversation avec le médecin au sujet des IIM et du vaccin antiméningococcique B. Les questions visaient à évaluer les croyances spontanées des parents concernant les aspects positifs et négatifs de la vaccination des nourrissons et du nouveau vaccin antiméningococcique B, les sources d’aide sociale en faveur de la vaccination de leur nourrisson contre le menB ainsi que leurs connaissances sur les IIM et le vaccin antiméningococcique B. Les questions étaient aussi conçues pour mesurer directement les attitudes, l’aide sociale, la recommandation du médecin et enfin, les intentions de vaccination contre le menB.

Plus de 80 % des répondants étaient d’accord pour dire que leur médecin voudrait qu’ils fassent vacciner leur enfant contre le menB et 80 % étaient modérément ou fortement d’accord pour dire que la plupart des gens voudraient faire vacciner leur enfant contre le menB. Environ 60 % des répondants ont indiqué qu’ils avaient assurément l’intention de faire vacciner leur nourrisson dès que le vaccin serait commercialisé.

Après une interaction avec le médecin, la majorité des parents (76,5 %) avaient l’intention de faire vacciner leur nourrisson contre le menB. Le coût du vaccin avait un impact sur l’acceptation, puisque l’intention était d’autant moins forte que le prix était élevé. Cela dit, ni le nombre de doses ni le profil de tolérabilité du vaccin contre le menB n’exerçaient d’influence sur l’intention des parents de vacciner. «Malgré une interaction minime avec le médecin, l’attitude des parents à l’égard du vaccin antiméningococcique B ainsi que leur perception de l’aval de personnes clés et des recommandations du médecin sont prédictives d’une bonne acceptation du vaccin lorsqu’il sera commercialisé», conclut le Dr Fisher.

Recommandation fondée sur des preuves

Comme le soulignent Jadavji et ses collaborateurs dans une communication par affiche (P077), il faudra s’assurer que les recommandations et le candidat-vaccin anti-menB lui-même sont bien compris afin de faciliter son intégration et son utilisation. Un comité directeur formé d’experts en IIM, en infectiologie et en vaccinologie a été mis sur pied afin d’orienter et de superviser la rédaction d’un document de référence ayant pour objectif de répondre aux questions courantes que se posent les professionnels de la santé. Ces questions ont été recueillies lors d’activités de formation médicale continue (FMC) et d’appels téléphoniques reçus par le Centre d’information médicale de Novartis. On a convoqué un comité consultatif scientifique afin d’obtenir un consensus quant aux réponses fondées sur des preuves et à leur pertinence du point de vue de la vaccination. Il en est résulté un document de référence accessible à tous qui énumère des questions courantes et des réponses factuelles.

Le Dr Jadavji a discuté des 16 questions – classées par ordre de priorité – qui se sont dégagées de huit activités de FMC et du travail du Centre d’information médicale. Les questions touchent divers aspects, notamment : l’épidémiologie; le fardeau de morbidité des IIM; la couverture du vaccin contre le menB et en quoi elle se compare à celle des autres vaccins; le risque d’IIM au Canada; l’efficacité du vaccin anti-menB et l’expérience clinique; le nombre de vaccins pouvant être donnés à un nourrisson en une seule visite; la place du vaccin MenB dans le calendrier de vaccination actuel; et la façon pour un médecin de composer avec les hésitations des parents à l’égard d’un énième nouveau vaccin.

«Ce document de référence fondé sur des preuves [...] satisfera le besoin immédiat de réponses aux questions que se posent de nombreux professionnels de la santé d’un point de vue scientifique, clinique et pratique», concluent les auteurs.

Résumé

Nous avions déjà des vaccins efficaces contre les méningocoques de sérogroupe A, C, Y et W-135, et nous avons maintenant un candidat-vaccin contre le menB qui a fait l’objet d’essais cliniques. On s’attend à ce que ce vaccin soit efficace contre la majorité des souches circulantes du menB au Canada. De récentes données indiquent que le vaccin sera très bien accepté par les parents. Un document de référence conçu pour faciliter l’introduction et l’utilisation du candidat-vaccin anti-menB permettra de combler le manque d’information des médecins et d’apaiser les inquiétudes qu’ils pourraient avoir lorsqu’ils devront conseiller les patients au sujet du nouveau vaccin anti-menB. 



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