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La promesse du vaccin contre le virus du papillome humain

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - La 25e Conférence internationale sur le virus du papillome humain

Malmö, Suède / 8-14 mai 2009

Les deux vaccins contre le virus du papillome humain (VPH) ont déjà tenu leur promesse en partie dans les collectivités les plus touchées par l’infection à VPH, et il y a tout lieu de croire que les taux d’infections baisseront radicalement une fois les populations cibles vaccinées.

L’expérience australienne

Des chercheurs australiens ont présenté des données très concluantes montrant que l’utilisation du vaccin quadrivalent contre le VPH de type 6, 11, 16 et 18 s’était traduite par une baisse rapide et marquée de l’incidence des lésions imputables au VPH de type 6 et 11 dans la collectivité. Avant la commercialisation du vaccin quadrivalent en avril 2007 pour les jeunes filles de 12 à 18 ans et en juillet 2007 pour les femmes de 27 ans ou moins, le taux de verrues génitales augmentait d’environ 2 % par année, selon des données recueillies par le Melbourne Sexual Health Centre (MSHC). Environ 70 % des adolescentes et 65 à 75 % des femmes plus âgées ont reçu le vaccin dès sa commercialisation.

On a d’abord évalué l’incidence des verrues génitales auprès de la clientèle du MSHC entre 2004 et 2007, après quoi on l’a comparée avec celle de 2008 jusqu’à la fin de l’année. Ces données ont montré que la proportion de patientes ayant reçu un diagnostic de verrues génitales au MSHC était significativement plus faible en 2008 que les années précédentes, surtout chez les jeunes femmes de moins de 28 ans, groupe d’âge dans lequel on a noté une baisse de 25 % de l’incidence de verrues génitales lors de chaque trimestre de 2008.

Cet effet protecteur a aussi été observé chez les hommes hétérosexuels, l’incidence des verrues génitales ayant baissé de 5 % par trimestre au cours de la même année. En revanche, les chercheurs n’ont noté aucun changement de l’incidence des lésions causées par le VPH de type 6 et 11 chez les femmes de plus de 28 ans, lesquelles n’étaient pas admissibles au programme de vaccination gratuite. De même, aucun changement n’a été noté chez les hommes homosexuels.

«Cette situation ne s’est reproduite dans aucun autre pays, aucun pays n’ayant vacciné une proportion aussi élevée de femmes de moins de 28 ans», affirme le Dr Christopher Fairley, MSHC, qui a présenté les résultats au nom du groupe. «La vitesse à laquelle l’incidence des verrues génitales chute nous laisse pantois. Imaginez où nous en serons d’ici quelques années!». Les deux vaccins sont très efficaces contre les lésions cervicales de haut grade, mais leur impact le plus tangible et le plus immédiat continuera de se faire sentir surtout dans les lésions de bas grade, les frottis cervicaux anormaux et les interventions cervicales connexes.

Analyse des données des essais FUTURE

L’analyse groupée des essais FUTURE (Females United to Unilaterally Reduce Endo/Ectocervical Disease) a d’abord objectivé une incidence annuelle de 2 % de dysplasies cervicales (CIN), tous grades confondus, chez les témoins sous placebo durant les 3,6 années du suivi de même qu’une incidence annuelle de CIN de grade 1 (CIN 1) de 1,8 % et une incidence annuelle de verrues génitales de 1,1 %. L’incidence annuelle de dysplasies vulvaires de grade 1 (VIN 1) et de dysplasies vaginales de grade 1 (VaIN 1) chez les témoins sous placebo se chiffrait à 0,3 %. Comme les femmes des essais FUTURE jamais exposées au VPH ont été protégées à 95,9 % contre les CIN 1, à 100 % contre les VIN 1 et les VaIN 1, et à 99 % contre les verrues génitales, les chercheurs estiment que l’utilisation du vaccin quadrivalent réduirait les CIN 1 d’environ 30 %, les lésions vulvaires de bas grade de 75 %, les lésions vaginales de bas grade de 48 % et les condylomes de 83 % si la vaccination de masse était offerte à la population cible. «En seulement 44 mois de suivi, nous avons obtenu une protection très marquée contre les lésions de bas grade imputables au VPH de type 6, 11, 16 et 18», conclut le Dr Joakim Dillner, Université de Lund, Suède.

Ces retombées se sont traduites rapidement par une baisse des frottis anormaux, des colposcopies et des interventions cervicales dans les deux essais pivots. Chez les femmes des essais FUTURE qui n’avaient jamais été exposées au VPH, le vaccin quadrivalent a réduit le nombre de frottis cervicaux anormaux de 17 à 45 %, selon l’anomalie en cause, peu importe le type de VPH, souligne le Dr Jorma Paavonen, Hôpital universitaire, Helsinki, Finlande. Lors des essais FUTURE, les colposcopies ont diminué de 20 %, les biopsies cervicales de 22 % et les traitements définitifs de 42 %. «Cette diminution des traitements définitifs revêt une grande importance, car les sujets sont de jeunes femmes fertiles», explique-t-il. Les interventions cervicales visant à éliminer les dysplasies exposent les jeunes femmes à un risque accru d’accouchement prématuré.

Lors de l’essai PATRICIA (Papilloma Trial to Prevent Cervical Cancer in Young Adults) dans lequel on a évalué le vaccin bivalent, les chercheurs ont également observé une diminution de 20 % des colposcopies parmi les sujets vaccinés jamais exposés au VPH et une diminution de 68 % des excisions de lésions cervicales. «Ces résultats concluants montrent que les programmes de vaccination chez les adolescentes et les jeunes femmes se traduiront par une diminution notable des frottis anormaux et des anomalies cervicales ainsi que des interventions diagnostiques et thérapeutiques découlant des lésions précancéreuses», conclut le Dr Paavonen.

La protection croisée, une valeur ajoutée

Les deux vaccins se sont révélés très efficaces contre les types vaccinaux du VPH, mais ils ont en outre été associés à une importante protection croisée contre les types oncogènes non vaccinaux du VPH, surtout dans le cas du vaccin bivalent.

Comme le souligne la Dre Rachel Skinner, Children’s Hospital at Westmead, Australie, l’efficacité du vaccin contre les types 31 et 45 du VPH, les deux types non vaccinaux du VPH les plus souvent en cause dans le cancer du col, a été de 100 % chez les sujets de l’essai PATRICIA qui n’avaient jamais été exposés au VPH. Le même vaccin s’est révélé efficace à 68 % pour la prévention de l’infection par les types 31, 33, 45, 52 et 58 du VPH, toujours chez les sujets jamais exposés au VPH. «Dans l’ensemble, l’efficacité du vaccin contre les CIN 2 ou 3 [le paramètre principal de l’essai PATRICIA] associées à 14 types oncogènes de VPH, dont les types 16 et 18, s’est établie à 77,7 %», affirme la Dre Skinner, «et on s’attend à ce que la protection croisée contre les CIN 2 ou 3 causées par des types non vaccinaux contribue pour beaucoup à la réduction significative de l’incidence des lésions cancéreuses et précancéreuses du col utérin».

D’autres diminutions importantes des lésions imputables au VPH ont été rapportées chez les hommes qui avaient reçu le vaccin quadrivalent, y compris des hommes ayant des relations homosexuelles (HRH). Comme dans les essais FUTURE, 3463 hommes hétérosexuels et 602 HRH âgés de 16 à 26 ans qui n’avaient encore jamais été exposés au VPH ont été randomisés de façon à recevoir trois doses du vaccin quadrivalent ou un placebo, après quoi ils ont été suivis pendant 24 mois en moyenne. Le paramètre principal de l’étude était l’incidence des lésions génitales externes imputables à un type vaccinal du VPH, notamment des verrues génitales externes, des dysplasies péniennes, périnéales ou périanales (PIN) et des cancers péniens, périnéaux et périanaux (PPP).

Comme le rapportait la Dre Anna Giuliano, H. Lee Moffitt Cancer Center, Tampa, Floride, les chercheurs ont signalé seulement trois cas de lésions génitales externes dans le groupe de sujets vaccinés jamais exposés au VPH vs 31 dans le groupe placebo, pour un taux d’efficacité vaccinale de 90,4 %. Il n’y a eu aucun cas de PIN 1, 2 ou 3 ou de cancer PPP chez les sujets vaccinés vs deux cas de PIN 1 chez les témoins sous placebo. Le vaccin contre les infections persistantes – paramètre cliniquement pertinent – a été efficace à 85,6 % contre les quatre types vaccinaux. Au sein de la cohorte moins nombreuse d’HRH, le vaccin s’est révélé efficace à 79 % contre les mêmes paramètres alors qu’il a été efficace à 94,4 % contre l’infection persistante. À sept mois, les chercheurs ont observé une séroconversion en réponse aux quatre types vaccinaux du VPH chez 89,5 % à 97,4 % des HRH.

Port du condom et circoncision

Plusieurs chercheurs ont présenté des données à l’appui de la protection que confèrent le port systématique du condom et la circoncision contre l’infection par le VPH. Lors d’une étude américaine, par exemple, les chercheurs de plusieurs centres ont constaté que 40 % des hommes hétérosexuels qui disaient porter le condom moins de la moitié du temps étaient infectés par au moins un type oncogène de VPH, par comparaison à moins de 20 % des hommes qui portaient toujours le condom. La protection conférée par le port systématique du condom était particulièrement évidente chez les hommes qui disaient avoir de multiples partenaires sexuels.

Des chercheurs ont aussi rapporté que le port systématique du condom réduisait significativement le risque de cancer de l’anus lié au VPH chez les HRH. «On observe une incidence élevée d’infections anales par le VPH chez les HRH très actifs», rappelle le Dr Peter Chin-Hong, University of California, San Francisco. «Nous avons maintenant à notre disposition plusieurs stratégies de prévention de l’infection par le VPH chez l’homme, notamment la circoncision, le port du condom et la vaccination. Le message sur le port du condom pour la prévention d’une infection anogénitale par le VPH pourrait aussi ajouter du poids aux campagnes de prévention du VIH.»

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