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L’éducation, la clé de l’optimisation de la couverture vaccinale contre le VPH

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - La 8e Conférence canadienne sur l’immunisation

Toronto, Ontario / 30 novembre-3 décembre 2008

L’optimisation de la couverture vaccinale contre le virus du papillome humain (VPH) repose sur l’éducation, processus qui commence par l’information du médecin lui-même sur les lésions liées à l’infection par le VPH et leur prévention par le vaccin quadrivalent.

Selon une revue de la littérature présentée au congrès et qui portait sur l’acceptation du vaccin anti-VPH par les professionnels de la santé, les parents et les jeunes adultes, les professionnels de la santé sont généralement peu informés sur le VPH et le vaccin contre ce virus, bien que le niveau des connaissances soit variable (Delisle et al., résumé 61517). Par exemple, dans une étude menée en 2007, Esposito et al. ont conclu que le niveau des connaissances des médecins sur ce sujet était faible, la plupart d’entre eux ayant donné de mauvaises réponses à des questions sur les pathologies liées au VPH.

Environ les deux tiers seulement des professionnels de la santé interrogés dans une autre étude savaient que le VPH est responsable de la majorité des cancers du col utérin, comme le soulignent Delisle et al. Fait plus important, l’une des principales raisons de la réticence des professionnels de la santé à recommander le vaccin était l’absence de confiance en son efficacité. De même, dans une étude également réalisée en 2007, Kahn et al. ont constaté que les craintes concernant l’innocuité du vaccin étaient l’un des principaux facteurs amenant le médecin à ne pas recommander le vaccin. Par conséquent, concluent les investigateurs, la connaissance du VPH et du vaccin anti-VPH est la première condition à remplir pour garantir que le vaccin atteigne la population cible.

Les données à l’appui de l’innocuité et de l’efficacité du vaccin quadrivalent sont légion. Lors de l’étude phare FUTURE I qui regroupait 5455 femmes âgées de 16 à 24 ans ne présentant pas les sous-types vaccinaux du VPH, l’analyse per protocol a révélé que le vaccin quadrivalent était efficace à 100 % contre les lésions intraépithéliales ou les verrues vaginales, vulvaires, périnéales et périanales imputables aux sous-types 6, 11, 16 et 18 du VPH. Toujours selon l’analyse per protocol, le vaccin s’est également montré efficace à 100 % pour prévenir les néoplasies intraépithéliales cervicales (CIN) de grade 1 à 3 et les adénocarcinomes in situ imputables aux sous-types vaccinaux du virus.

Lors de l’étude FUTURE II, le vaccin quadrivalent a là encore prévenu 98 % des lésions cervicales de grade élevé imputables aux sous-types 16 et 18 du VPH (analyse per protocol). Les données publiées sur le suivi à 60 mois d’un sous-groupe de la cohorte de l’étude 007 indiquent que le vaccin est demeuré efficace à 100 % contre les verrues génitales externes ou les CIN associées aux sous-types vaccinaux du virus, ce qui témoigne de la robustesse de l’immunité mémoire induite par le vaccin quadrivalent.

Même chez des femmes plus âgées (entre 24 et 45 ans) et actives sexuellement, des chercheurs ont récemment fait état d’une efficacité de 92,4 % du même vaccin quadrivalent pour prévenir les CIN et les légions génitales externes imputables aux sous-types 6, 11, 16 et 18 du VPH, taux d’efficacité qui atteint 100 % lorsqu’on considère seulement les sous-types 6 et 11.

Ces données partielles démontrent que le vaccin quadrivalent contre le VPH est hautement efficace contre les CIN ou les lésions génitales externes imputables aux sous-types 6, 11, 16 ou 18 chez les femmes âgées de 24 à 45 ans, concluent les chercheurs.

La confiance du public en l’innocuité du vaccin est fondamentale

La question de l’innocuité revêt elle aussi une importance primordiale, comme l’a souligné le Dr Simon Dobson, Association canadienne pour la recherche et l’évaluation en immunisation, Vancouver, Colombie-Britannique, dans sa présentation sur les façons d’aborder le sujet du VPH avec les parents et les adolescentes. À ce jour, quelque trente millions de doses du vaccin quadrivalent contre le VPH ont été administrées à l’échelle mondiale et aucun problème d’innocuité n’a encore été signalé dans les études de pharmacovigilance. Les manifestations indésirables les plus susceptibles de se produire chez les personnes recevant le vaccin sont les réactions locales telles qu’une rougeur et une tuméfaction au point d’inoculation, ce dont on doit prévenir les parents et leur fille.

Toutefois, les parents doivent également comprendre que les effets indésirables qui sont sans cesse rapportés dans les médias sont le reflet du système de surveillance passive des manifestations indésirables utilisé aux États-Unis, système suivant lequel n’importe qui peut signaler une manifestation indésirable survenue après la vaccination sans pour autant qu’elle ait été causée par le vaccin, rappelle le Dr Dobson. D’autre part, il est important que les parents sentent que le professionnel de la santé est convaincu de l’innocuité et de l’efficacité du vaccin. «La première impression est décisive, martèle-t-il. Si vous inspirez confiance et optimisme à l’égard du vaccin et savez communiquer son importance pour les parents et leur fille, cela influencera profondément la suite des choses.» Cela dit, la question du VPH est complexe, prévient-il, et le médecin doit prendre garde de ne pas submerger les parents d’informations; il les dirigera plutôt vers des sites Web et d’autres sources d’information fiables de manière qu’ils puissent mieux se documenter sur la question s’ils demeurent peu convaincus, et les invitera à en rediscuter avec lui.

«Plutôt que d’accabler les parents de statistiques, poursuit-il, il est très utile de leur demander [s’ils connaissent] une personne dont le test Pap a révélé une anomalie et qui est passée par toutes les difficultés et vicissitudes qui s’ensuivent sur le plan médical.» Aborder la question du point de vue de leur fille peut aussi grandement renforcer le message, ajoute-t-il. Par exemple, le médecin peut demander aux parents de songer à ce que leur fille ressentirait si elle présentait plus tard un cancer du col parce qu’ils ont un jour décidé de ne pas la faire vacciner. «Face à une décision embarrassante, la voie facile est de s’abstenir», note le Dr Dobson. Comme nous avons tous tendance à prendre des raccourcis logiques lorsque nous devons communiquer des informations complexes, le Dr Dobson estime important que le médecin donne des faits précis sur le risque, en indiquant par exemple que le vaccin offre une protection de près de 100 % contre les sous-types du VPH responsables de 70 % des cancers du col utérin.

De plus, tant que les garçons ne seront pas également vaccinés contre le VPH, les parents doivent savoir qu’ils demeurent un vecteur potentiel du virus pour les filles qui ne sont pas vaccinées.

Par ailleurs, les professionnels de la santé ne doivent pas présumer que les programmes de vaccination en milieu scolaire vont permettre de rejoindre toutes les jeunes filles admissibles. En effet, aussi réussis soient-ils, il faut rappeler que ces programmes sont destinés à des cohortes d’âge spécifiques et que les filles en dehors des cohortes ciblées demeurent exposées au risque d’infection. «Dans les cas difficiles, j’utilise aussi beaucoup d’anecdotes personnelles, confie le Dr Dobson. Toutefois, le succès des programmes de vaccination contre le VPH dépend essentiellement de la confiance du public en l’innocuité du vaccin.»

Rôle des autorités sanitaires

Dans un certain nombre de présentations sur les initiatives des organismes de santé publique, on a souligné le rôle clé de l’éducation du public dans le succès de la vaccination contre le VPH. Par exemple, à Terre-Neuve et au Labrador, les autorités sanitaires régionales ont mis en œuvre diverses actions pour former les infirmières spécialisées en santé communautaire et en maladies transmissibles, l’objectif ultime étant qu’elles soient bien préparées à calmer les appréhensions des parents et des adolescentes au sujet de l’efficacité et de l’innocuité du vaccin. Grâce à ces efforts concertés, le taux de couverture a atteint au moins 85 % dans cette région.

De même, à Toronto, on a mis sur pied un programme d’information multilingue à l’intention des parents et des enseignants des élèves de 8e année. Dans les 432 écoles ciblées par ce programme éducatif, 64 % des élèves avaient reçu la première dose du vaccin, 62 % avaient reçu la deuxième dose et 56 % avaient reçu la troisième dose en date de septembre 2008. En Ontario, les filles n’ayant pu recevoir toutes les doses du vaccin en 8e année auront maintenant accès au vaccin en 9e année (1re secondaire en Ontario), si bien que l’on prévoit atteindre rapidement l’objectif provincial de 85 % quant à la couverture vaccinale.

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