Comptes rendus

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Le vaccin contre le VPH dans le contexte de la santé mondiale

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

EUROGIN 2008 - Le 8e Congrès multidisciplinaire international

Nice, France / 12-15 novembre 2008

Selon l’analyse per protocol des données à quatre ans des études FUTURE, le vaccin quadrivalent contre le virus du papillome humain (VPH) préparé à partir de pseudoparticules virales de la protéine L1 est efficace à 100 % pour prévenir les lésions intraépithéliales ou les verrues vaginales, vulvaires, périnéales et périanales imputables aux types vaccinaux du VPH. «Le vaccin est d’une efficacité globale assez extraordinaire. Plus précisément, il est efficace à 98 % contre les néoplasies intraépithéliales cervicales [CIN] de grade 2 ou 3 et l’adénocarcinome in situ. Dans les faits, il est efficace à 100 % contre les CIN de grade 2 et efficace à 97 % contre les CIN de grade 3, ce qui revient à une protection de >98 % contre les lésions intraépithéliales de grade élevé au niveau du col, de la vulve et du vagin, et contre les verrues génitales», confirme la Pre Margaret Stanley, directrice adjointe, Département de pathologie, University of Cambridge, Royaume-Uni.

Comme le souligne cette dernière, il est peut-être encore trop tôt pour déterminer la durée de la protection offerte par le vaccin quadrivalent contre l’infection par le VPH. Il est cependant admis qu’un vaccin provoquant une réponse anamnestique – qui témoigne d’une mémoire immunitaire – à la suite d’une nouvelle exposition à des antigènes connus, comme on l’a montré sans équivoque avec le vaccin quadrivalent, peut induire une immunité durable. «Les chercheurs ont démontré une efficacité soutenue au fil du temps, et cette efficacité ne disparaîtra pas du jour au lendemain», conclut la Pre Stanley.

Selon les données publiées de l’analyse à 60 mois, qui portent sur un sous-groupe de l’étude 007, le vaccin est efficace à 100 % contre les CIN et les lésions génitales externes imputables aux types vaccinaux du VPH.

Vaccination des femmes d’âge adulte contre le VPH

L’incidence des lésions imputables au VPH culmine dans un délai de 10 ans suivant le début des relations sexuelles, précise la Dre Nubia Muñoz, anciennement chef des Études de terrain et d’intervention, Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), Lyon, France. Les femmes demeurent toutefois sujettes aux infections par le VPH et à leurs conséquences morbides tout au long de leur vie. De plus, «la société change dans un grand nombre de pays, et cette évolution se traduit notamment par un âge plus avancé au moment du premier mariage et par un taux croissant de divorces. Il en résulte une augmentation du risque d’infection par le VPH chez les femmes à la fin de la vingtaine ainsi que dans la trentaine et la quarantaine, fait remarquer la Dre Muñoz. Ces femmes d’âge moyen pourraient elles aussi tirer profit de la vaccination prophylactique contre le VPH.»

Les chercheurs ont donc effectué une étude internationale sur l’efficacité du vaccin quadrivalent anti-VPH contre les CIN et les lésions génitales externes chez 3819 femmes sexuellement actives de 24 à 45 ans qui, au départ, n’avaient encore jamais été exposées aux types 16 et 18 du VPH. Comme le souligne la Dre Muñoz, les données partielles recueillies après 2,2 ans de suivi ont révélé que le vaccin quadrivalent était efficace à 92,4 % pour prévenir les CIN et les lésions génitales externes liées aux types 6, 11, 16 et 18 du VPH. L’efficacité contre les CIN et les lésions génitales externes imputables aux types 16 et 18 du VPH a atteint 87,8 % tandis que l’efficacité contre les CIN et les lésions génitales externes imputables aux types 6 et 11 a atteint 100 %. Dans l’ensemble, le vaccin quadrivalent contre le VPH a été associé à un profil d’innocuité et de tolérabilité acceptable chez des femmes d’âge moyen.

«Ces données partielles montrent que le vaccin quadrivalent contre le VPH est hautement efficace pour prévenir les CIN ou les lésions génitales externes imputables aux types 6, 11, 16 et 18 du VPH chez les femmes de 24 à 45 ans», conclut la Dre Muñoz, ajoutant que les femmes de 24 à 45 ans auraient assurément intérêt à se faire vacciner contre le VPH.

Vaccination contre le VPH chez l’homme

«Faites la somme des cancers liés au VPH chez les hommes et vous verrez que le résultat s’apparente au nombre de cancers du col diagnostiqués chez les femmes soumises à un dépistage. De plus, l’incidence augmente de façon alarmante», fait remarquer le Dr Joel Palefsky, Département de médecine, University of California, San Francisco.

Ces cancers sont très variés; ils touchent le pharynx, la cavité buccale, le larynx, l’anus et le pénis. Il est ressorti d’une étude danoise que la présence de l’ADN d’un type de VPH à risque élevé avait été confirmée dans 58 % des cas de cancer de l’anus chez des hommes hétérosexuels et 100 % des cas de ce même cancer chez des hommes homosexuels. Le cancer de l’anus imputable au VPH a toujours été au moins deux fois plus fréquent chez les hommes homosexuels infectés par le VIH. Depuis l’avènement du traitement antirétroviral, l’incidence du cancer de l’anus a augmenté de manière substantielle, au point d’atteindre 75 à 137 pour 100 000.

Les résultats – divulgués au congrès – d’une étude pivot réalisée chez environ 4000 hommes âgés de 16 à 26 ans, dont environ 3400 hommes hétérosexuels et 600 hommes ayant des relations homosexuelles, ont montré que le vaccin quadrivalent avait prévenu 90 % des lésions génitales externes causées par les types 6, 11, 16 et 18 du VPH. Les trois lésions externes observées chez les sujets vaccinés étaient des verrues génitales, ce qui donne à penser que le vaccin quadrivalent a été efficace à 89,4 % pour prévenir les verrues génitales dans cette cohorte.

On n’a enregistré aucune néoplasie intraépithéliale pénienne/périnéale/périanale (PIN) chez les sujets vaccinés vs trois PIN de grade 1 ou 2/3 dans le groupe placebo. Aucun cas de cancer pénien, périnéal ou périanal n’a été signalé dans un groupe ou dans l’autre. Au moment de l’analyse, le suivi remontait à 29 mois en moyenne.

«Chez des hommes de 16 à 26 ans, le vaccin quadrivalent contre le VPH s’est révélé efficace pour réduire le nombre d’infections anogénitales persistantes par les types 6, 11, 16 et 18 du VPH et le nombre de cas où l’ADN des types 6, 11, 16 et 18 du VPH a été décelé lors d’au moins une visite, conclut-il. Les décisions concernant les stratégies de mise en œuvre des campagnes de vaccination chez l’homme devront être mûries plus longuement.»

Lésions imputables aux types 6 et 11 du VPH

«Même si le cancer du col vient au deuxième rang des causes de mortalité par cancer chez les jeunes femmes, il ne doit pas éclipser l’importance d’autres lésions génitales cancéreuses ou précancéreuses imputables au VPH», affirme le Dr Marc Steben, Institut national de santé publique du Québec, Montréal. «Le VPH peut aussi être à l’origine de néoplasies intraépithéliales et de cancers de la vulve et du vagin ainsi que de verrues génitales.»

Les VPH de type 6 et 11 sont monnaie courante dans la population. Cliniquement, ils se présentent surtout sous les formes suivantes : CIN de grade 1, néoplasies intraépithéliales vulvaires (VIN) de faible grade, néoplasies intraépithéliales vaginales (VaIN), verrues génitales et papillomatose respiratoire récurrente. En fait, les verrues génitales pourraient être les lésions causées par les types 6 et 11 du VPH qu’on rencontre le plus souvent (environ 90 %). Au vu du fardeau clinique/économique substantiel associé aux types 6 et 11 du VPH, le Dr Steben a évalué l’efficacité du vaccin quadrivalent contre le VPH pour la prévention des CIN et des lésions génitales externes liées aux types 6 et 11 du VPH à l’aide des données d’essais cliniques de phase IIb/III.

Dans le cadre de cette analyse, explique-t-il, 18 174 femmes de 16 à 26 ans ont reçu aléatoirement un vaccin ou un placebo. Le VPH a été mis en évidence par la PCR dans 4 % des cas et dans le sérum dans 8,2 % des cas, de sorte que 12 % des femmes avaient déjà été exposées au VPH de type 6 avant le début de l’étude. L’efficacité du vaccin quadrivalent anti-VPH contre l’apparition de lésions génitales externes a atteint 80,5 %. «On a signalé deux cas de condylomes dans l’analyse per protocol de la population vaccinée vs 189 cas dans le groupe placebo, ce qui revient à un taux d’efficacité de 99 %», rapporte le Dr Steben. Aucune VIN ou VaIN de grade 1 n’a été signalée dans la population vaccinée, par comparaison à 22 cas dans le groupe placebo, soit un taux d’efficacité de 100 %.

Le vaccin contre le VPH s’est révélé hautement efficace pour prévenir les CIN et les lésions génitales externes liées aux types 6 et 11 du VPH, tant au sein de la population principale jamais exposée au VPH de type 6 ou 11 que de la population en intention de traiter, conclut le Dr Steben. «Nous avons été étonnés de constater un faible taux de positivité des types 6 et 11 du virus au départ, puis la survenue assez fréquente de lésions dues au VPH de type 6 et 11 après 44 mois. La protection contre les types 6 et 11 est donc un effet bénéfique non négligeable du vaccin quadrivalent et contribuera probablement aux premiers bénéfices des campagnes de vaccination.»

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