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Meilleure protection contre la grippe chez les personnes âgées grâce aux vaccins avec adjuvant

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 10e Conférence canadienne sur l’immunisation

Vancouver, C.-B. / 3-5 décembre 2012

Vancouver - L’immunosénescence augmente significativement la probabilité qu’une personne âgée contracte une infection grave, dont la grippe. En cas d’hospitalisation, le patient âgé se trouve ainsi exposé à un risque accru de fragilité et d’incapacité. Les vaccins trivalents inactivés (VTI) contribuent à prévenir l’hospitalisation chez la personne âgée, mais de façon sous-optimale. Une étude comparative avec randomisation visant à évaluer trois VTI contre la grippe saisonnière chez des patients de ≥65 ans a révélé qu’un VTI avec adjuvant déclenchait une meilleure réponse anticorps comparativement à un vaccin intradermique et à un VTI standard. Par ailleurs, une étude cas-témoin réalisée en milieu communautaire au sein d’une cohorte de patients très âgés a confirmé que le même vaccin avec adjuvant conférait une protection supérieure contre la grippe comparativement à l’absence de vaccination et au VTI standard.

On ne doit pas sous-estimer l’impact de l’hospitalisation sur la fragilité et la capacité fonctionnelle de la personne âgée. À en juger par des données qu’a citées la Dre Janet McElhaney, professeure titulaire de médecine, University of British Columbia, Vancouver, la grippe est une maladie qui frappe surtout les personnes âgées. Plus de 90 % des décès imputables à la grippe surviennent chez des personnes âgées. À chaque décès causé par la grippe correspondent «trois ou quatre hospitalisations, et le plus souvent, ce sont des adultes âgés qui sont touchés», poursuit la Dre McElhaney. De plus, une fois à l’hôpital, chaque jour de repos qu’une personne âgée passe au lit peut entraîner une perte de 5 % de la puissance musculaire.

«Après 10 jours d’hospitalisation pour une grippe sévère, la personne âgée a déjà perdu la moitié de sa force musculaire fonctionnelle, ajoute-t-elle. Dans l’ensemble, les données montrent qu’une personne âgée sur trois admise pour des soins aigus sera davantage handicapée à sa sortie de l’hôpital et que la moitié des personnes âgées ne s’en remettent jamais.» Il est donc très important de prévenir l’hospitalisation pour cause d’infection grippale. Dans le meilleur des cas, les vaccins antigrippaux actuels sont modérément efficaces pour prévenir l’hospitalisation motivée par une infection grippale.

Réponses anticorps

Dans le cadre du premier essai comparatif avec randomisation mené chez des personnes âgées, les chercheurs du PCIRN ont évalué l’innocuité et l’immunogénicité de trois vaccins antigrippaux saisonniers : un VTI avec adjuvant (VTI-MF59 ou Fluad); un VTI intradermique conçu expressément pour les personnes âgées (VID ou Intanza 15); et un VTI standard (Agriflu). Environ 300 sujets ont été randomisés de façon à recevoir l’un de ces trois vaccins; il importe ici de souligner que les participants étaient des personnes de ≥65 ans non frêles vivant à domicile qui avaient reçu le VTI standard durant les deux saisons grippales précédentes.

«Nous avons choisi cette population à dessein, car elle est plus représentative des Canadiens âgés qui se font vacciner chaque année contre la grippe. Les vaccins s’en trouvent toutefois désavantagés, car il est plus difficile de faire ressortir des différences au sein d’une population assez bien immunisée», affirme le Dr David Scheifele, Vaccine Evaluation Center, BC Children’s Hospital, Vancouver. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang avant la vaccination, puis de nouveau 21 à 28 jours après, et ils ont mesuré les titres d’anticorps inhibant l’hémagglutination (AIH) contre chaque souche vaccinale. Au départ, les titres d’anticorps contre les souches H3N2 et H1N1 étaient presque identiques dans les trois groupes; étonnamment, la quasi-totalité des patients étaient immunisés contre la souche B au départ, de sorte que les réponses à la composante B du vaccin n’ont pas pu être mesurées.

À en juger par le dosage des AIH, près de 91 % des sujets du groupe VTI-MF59 avaient atteint des titres séroprotecteurs (≥40) contre la souche H1N1, par comparaison à 81 % des sujets du groupe VID et 78 % des sujets du groupe VTI standard. Environ 88 % des sujets du groupe VTI-MF59 ont aussi atteint des titres séroprotecteurs contre la souche H3N2, par comparaison à environ 76 % des sujets des groupes VID et VTI standard. Les moyennes géométriques des titres d’anticorps (MGT) étaient aussi significativement plus élevées pour les deux souches vaccinales chez les sujets qui avaient reçu le VTI avec adjuvant (VTIa) comparativement aux sujets des deux autres groupes, en particulier le groupe VTI.

«Dans ce groupe d’âge, on doit aspirer à une multiplication des MGT par un facteur d’au moins deux», fait remarquer le Dr Scheifele; c’est la réponse que nous avons obtenue avec les trois vaccins, mais le taux de réponse était plus élevé chez les sujets qui recevaient le VTIa. Les trois vaccins ont aussi permis d’atteindre des taux de séroconversion supérieurs à 30 % (le critère pour ce groupe d’âge) à l’égard de la souche H1N1.

Le VTIa et le VID répondaient aussi à ces critères pour la deuxième souche H3N2, «ce n’était pas le cas du VTI standard», poursuit le Dr Scheifele. À en juger par un suivi de 6 mois auprès de 98 % des sujets, il n’y avait pas de différence appréciable entre les trois groupes quant à la longévité de la réponse au vaccin. «Néanmoins, le pourcentage de sujets ayant des titres potentiellement protecteurs était assez encourageant», enchaîne le Dr Scheifele. On a observé peu de différence entre les trois vaccins quant au profil d’effets indésirables, et les trois vaccins ont été bien tolérés.

Efficacité des vaccins

Les données de surveillance active recueillies dans le système SOS (Serious Outcomes Surveillance) du PCIRN (Réseau de recherche sur l’influenza de l’Agence de la santé publique du Canada [ASPC] et des Instituts de recherche du Canada) ont révélé qu’au sein d’une cohorte globale de 540 sujets hospitalisés, les vaccins trivalents inactivés (VTI) avaient réussi à prévenir 45 % des hospitalisations imputables à une influenza confirmée au cours de la saison grippale 2011-2012. Chez les patients de plus de 65 ans, le vaccin contre la grippe saisonnière a permis de prévenir 52 % des hospitalisations pour cause d’infection grippale (taux d’efficacité vaccinale ajustés). «L’effet a pu être objectivé dans tous les groupes d’âge, et on a même enregistré un taux d’efficacité vaccinale de 41 % chez des patients de plus de 75 ans», affirme la Dre Shelly McNeil, professeure agrégée de médecine, QEII Health Sciences Centre, Halifax, Nouvelle-Écosse. «La prévention de la fragilité et le maintien de l’autonomie pourraient être des avantages importants du vaccin antigrippal qu’on ne recherchait pas», dit-elle.

Mme Stephanie Konrad, Fraser Health Authority, et ses collaborateurs ont rappelé aux congressistes que lorsque le virus grippal circulant ne concordait pas parfaitement avec les souches vaccinales, «le VTI standard pouvait être inefficace chez les personnes âgées. Nous avons alors besoin d’un vaccin plus efficace pour mieux les protéger».

Lors d’une étude cas-témoin réalisée en milieu communautaire, Konrad et ses collaborateurs ont comparé le VTI-MF59 au VTI standard chez 282 personnes âgées ayant fait l’objet d’un dépistage grippal (PCR) (84 cas positifs, 198 négatifs).

«L’âge moyen des patients – 85 ans – était légèrement supérieur à celui des témoins, soit 82 ans, souligne Mme Konrad, mais 47 % des participants avaient plus de 85 ans, et 89 % souffraient d’au moins une maladie chronique.» Environ 80 % avaient été vaccinés durant la saison 2011-2012 : 73 % d’entre eux avaient reçu le VTIa et 27 %, le VTI standard. Comme la moitié des patients infectés vivaient dans un centre de soins à long terme, «il s’agissait de personnes très âgées souffrant de maladies chroniques», dit-elle.

Selon une analyse multivariée qui tenait compte de l’âge, du milieu de vie (centre de soins prolongés ou non), du sexe et de la présence de maladies chroniques, le VTIa a été associé à un taux d’efficacité de 60 % contre l’infection grippale comparativement à l’absence de vaccination. Inversement, le VTI standard ne différait pas significativement de l’absence de vaccination. Parmi les sujets qui ne vivaient pas dans un centre de soins prolongés et qui s’apparentaient plus étroitement aux sujets en bonne santé vivant à domicile, le VTIa a été associé à un taux d’efficacité statistiquement significatif de 73 % alors que le VTI standard a été associé à un taux d’efficacité non significatif de 42 %. «Dans cette étude, nous avions un gros obstacle à surmonter : ce fut la saison grippale la plus tranquille que nous ayons connue en 30 ans», fait valoir Mme Konrad.

Résumé

La prévention de l’hospitalisation pour cause d’influenza revêt une grande importance chez les personnes âgées, ces dernières étant particulièrement vulnérables à une issue péjorative. Les VTI standard sont modérément efficaces à cet égard. Le nouveau vaccin avec adjuvant, le VTI-MF59, qui offre une protection supérieure contre l’infection grippale comparativement aux VTI standard, pourrait donc réduire davantage les besoins d’hospitalisation dans le groupe d’âge le plus vulnérable.   

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