Comptes rendus

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Prise en charge du risque cardiovasculaire global

Progrès en matière de vaccination antipneumococcique

Le présent compte rendu est fondé sur des données médicales présentées lors d'un congrès de médecine reconnu ou publiées dans une revue avec comité de lecture ou dans un commentaire signé par un professionnel de la santé reconnu. La matière abordée dans ce compte rendu s'adresse uniquement aux professionnels de la santé reconnus du Canada.

PRESSE PRIORITAIRE - 49e Assemblée annuelle de l’Infectious Diseases Society of America (IDSA)

Boston, Massachusetts / 20-23 octobre 2011

Rédactrice médicale en chef : Dre Léna Coïc, Montréal, Québec

La réponse immunitaire au vaccin antipneumococcique polysaccharidique est T-indépendante alors que la réponse au vaccin antipneumococcique conjugué 13-valent (Pneu-C-13) est T-dépendante, explique la Dre Lisa Jackson, Group Health Research Institute, Seattle, Washington. La réponse à la vaccination initiale par le Pneu-C-13 créerait, croit-on, un terrain immunitaire plus propice à la revaccination, et la réponse à la revaccination serait ainsi plus solide qu’en cas de vaccination initiale par le vaccin antipneumococcique polysaccharidique 23-valent (Pneu-P-23).

«L’administration répétée du Pneu-C-13 à intervalles de plusieurs années pourrait permettre de maintenir la réponse immunitaire aux sérotypes vaccinaux chez les sujets âgés», précise la Dre Jackson dans l’introduction de sa présentation (LB-3) au congrès. «En outre, le Pneu-C-13 pourrait être administré à des adultes ayant déjà reçu le Pneu-P-23.»

Stratégies de revaccination

Les chercheurs ont voulu vérifier cette hypothèse dans le cadre de la prolongation d’un essai clinique avec randomisation qui visait à comparer les réponses au Pneu-C-13 et au Pneu-P-23 chez des adultes âgés de 50 à 64 ans qui avaient été vaccinés une première fois contre le pneumocoque 3 à 4 ans plus tôt. L’étude de prolongation visait deux grands objectifs chez les sujets de 60 à 64 ans : comparer la réponse au Pneu-P-23 après vaccination initiale par le Pneu-C-13 (schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23) à la réponse au Pneu-P-23 seul; et comparer la réponse au Pneu-P-23 après vaccination initiale par le Pneu-C-13 (schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23) ou par le Pneu-P-23 (schéma Pneu-P-23/Pneu-P-23).

La réponse était exprimée en moyenne géométrique des titres d’anticorps (MGT), lesquels étaient mesurés par l’activité opsonophagocytaire dans des échantillons de sang obtenus au départ et 1 mois après la vaccination. L’étude de prolongation regroupait 405 patients de la population de l’étude principale.

Non seulement le schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23 a-t-il donné lieu à des MGT non inférieures aux MGT obtenues après le schéma Pneu-P-23 seul à l’égard des 12 sérotypes communs aux deux vaccins, mais la réponse était significativement plus marquée pour 9 des 12 sérotypes, souligne la Dre Jackson. La réponse au schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23 était significativement plus marquée à l’égard des 12 sérotypes que la réponse au schéma Pneu-P-23/Pneu-P-23 (ratio des MGT =2 pour tous les sérotypes sauf un, dont le ratio s’élevait à 1,9).

Le profil d’innocuité associé à la revaccination après une dose initiale de Pneu-C-13 était acceptable, que le second vaccin ait été le Pneu-C-13 ou le Pneu-P-23, précise la Dre Jackson. Comparativement au Pneu-C-13, la revaccination par le Pneu-P-23 a entraîné plus de réactions locales, quel qu’ait été le premier vaccin administré.

«Les autorités américaines et celles d’autres pays étudient actuellement le Pneu-C-13 aux fins d’homologation [chez l’adulte], concluent la Dre Jackson et ses collègues. Les résultats de cette étude donnent à penser qu’à partir du moment où ce vaccin sera homologué, l’administration de doses répétées à intervalles de quelques années permettra, chez les sujets âgés, de prolonger la protection contre le pneumocoque leur vie durant.»

Durée de l’intervalle entre les doses

La revaccination après un intervalle de 1 an a fait l’objet d’une autre étude présentée au congrès. L’essai regroupait 720 patients de 60 à 64 ans randomisés de façon à recevoir deux doses de vaccin antipneumococcique à 1 an d’intervalle : soit deux doses du Pneu-C-13, soit une dose du Pneu-C-13 suivie d’une dose du Pneu-P-23, soit une dose du Pneu-P-23 suivie d’une dose du Pneu-C-13. Le paramètre principal était la comparaison des MGT à l’égard des 12 sérotypes communs, explique le Dr Richard N. Greenberg, University of Kentucky, Lexington.

Les résultats concordent avec ceux de la Dre Jackson. La réponse au schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23 s’est révélée non inférieure à la réponse à la dose initiale du Pneu-P-23 à l’égard des 12 sérotypes et supérieure à l’égard de 6 des 12 sérotypes. La réponse au schéma Pneu-C-13/Pneu-P-23 s’est aussi révélée non inférieure à la réponse au schéma Pneu-P-23/Pneu-C-13 à l’égard des 12 sérotypes. Cependant, les MGT étaient significativement plus marquées pour 11 des 12 sérotypes communs lorsque le Pneu-C-13 était administré avant le Pneu-P-23 que vice versa.

«Cette étude a montré que le Pneu-C-13 conférait une mémoire immunitaire qui amplifiait la réponse antipneumococcique à l’administration subséquente du Pneu-P-23 pour un grand nombre de sérotypes communs aux deux vaccins, explique le Dr Greenberg. Lorsque le Pneu-P-23 est administré en premier lieu, par contre, la mémoire immunitaire diffère et on obtient une réponse moins marquée à l’administration subséquente du Pneu-C-13 à l’égard de tous les sérotypes. Bref, si vous souhaitez revacciner les patients, il vaut mieux donner le Pneu-C-13 avant le Pneu-P-23», ajoute-t-il.

Patients plus âgés

Les investigateurs d’un essai international se sont penchés sur la réponse immunitaire à la revaccination par le Pneu-C-13 chez 98 patients âgés (âge moyen de 73 ans) qui avaient reçu une dose initiale de Pneu-C-13 et qui avaient ensuite été revaccinés à l’aide du Pneu-P-23. Les trois vaccinations ont eu lieu à intervalles de 1 an, souligne la Dre Christine Juergens, chercheuse clinicienne, Berlin, Allemagne.

Les résultats ont montré que pour 12 des 13 sérotypes, les MGT étaient plus faibles après la vaccination séquentielle qu’après la première dose du Pneu-C-13. Les MGT étaient significativement plus faibles pour 10 de ces 12 sérotypes.

Les principaux effets indésirables ont été des réactions au point d’injection, des douleurs et des limitations fonctionnelles du bras vacciné. Aucun patient n’a eu d’effets indésirables graves ou inattendus.

À en juger par ces résultats et ceux de la Dre Jackson, l’administration du Pneu-C-13 confère un avantage immunitaire tandis que l’administration du Pneu-P-23 a un impact négatif sur la réponse aux vaccinations antipneumococciques subséquentes, même si l’intervalle entre les doses est plus long, concluent la Dre Juergens et ses collègues.

Évaluations en cours

Selon l’évaluation clinique préliminaire d’un vaccin antipneumococcique 15-valent chez 60 adultes en bonne santé – l’évaluation chez l’adulte devant précéder l’évaluation chez l’enfant – les MGT sont comparables aux MGT associées au vaccin antipneumococcique heptavalent pour les sept sérotypes communs aux deux vaccins. De plus, la réponse immunitaire aux huit sérotypes restants du vaccin à 15 valences est cliniquement pertinente.

Des chercheurs cliniciens belges ont fait état d’une baisse significative de l’incidence des infections invasives à pneumocoque (IIP) chez les nourrissons après l’introduction du vaccin antipneumococcique heptavalent. Les infections invasives causées par les sept sérotypes vaccinaux ont diminué de 63 % entre la période 2007-2010 (le vaccin a été commercialisé en 2007) et la période prévaccination 2002-2004. L’incidence des cas imputables aux sept sérotypes est passée de 69 % avant la commercialisation du vaccin à 26 % après sa commercialisation (p<0,005).

L’éradication des IIP dans plusieurs groupes d’âge en Alberta a été attribuée à l’arrivée du vaccin heptavalent. Sur une période de 13 ans incluant des années de part et d’autre de la vaccination, la proportion des cas causés par les sept sérotypes vaccinaux a diminué dans tous les groupes d’âge, depuis les nourrissons jusqu’aux patients les plus âgés, souligne Mme Jeanine Leal, MSc, University of Calgary, Alberta. Parmi les 1462 cas rapportés, les chercheurs ont relevé des taux d’éradication de 100 % chez les patients de 5 mois ou moins, chez les enfants de 5 à 15 ans ainsi que chez les patients de 85 ans ou plus. Les taux d’éradication s’élevaient à 98 % chez les enfants de 6 à 23 mois, à 97 % chez les enfants de 2 à 4 ans, à 73 % chez les 16 à 64 ans et à 90 % chez les 65 à 84 ans.

Résumé

L’arrivée de vaccins antipneumococciques sur le marché a eu d’énormes retombées sur la transmission des IIP, et tous les patients ont semblé en profiter, peu importe leur âge. Plusieurs études ont objectivé le potentiel de la revaccination et de l’utilisation séquentielle de vaccins différents. Ces mêmes études ont éclairé notre lanterne quant aux résultats éventuellement associés à diverses stratégies séquentielles, notamment quant à la variabilité de la mémoire immunitaire qui se traduit par une réponse variable aux vaccinations répétées. De nouveaux vaccins continuent de voir le jour, ce qui donne à penser que les cliniciens et leurs patients auront un jour plusieurs options de vaccination pour couper court à la transmission des infections à pneumocoque. ?

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